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FASCICULE XXXVI
ANECDOTA ATHENIENSIA TOME I TEXTES GRECS INÉDITS RELATIFS À L'HISTOIRE DES RELIGIONS PAR ARMAND DELATTE DOCTEUR SPÉCIAL EN PHILOLOGIE CLASSIQUE ANCIEN MEMBRE DE L'ÉCOLE FRANÇAISE D'ATHÈNES PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE LIÉGE |
Imp. H. VAILLANT-CARMANNE
Société Anonyme 4, Place St-MICHEL, 4 LIÉGE |
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ÉDOUARD CHAMPION
Libraire-Éditeur 5, QUAI MALAQUAIS, 5 PARIS |
Traité de Magie | 1 | |
Bibl. Nationale 1265 | ||
Bibl. dela Soc. hist. 115 | ||
Divination par les nombres | 105 | |
Bibl. de la Soc. hist. 210 | ||
Recettes magiques | 111 | |
Bibl. de la Soc. hist. 210 | ||
Onomatomancie arithmétique | 133 | |
Bibl. de la Soc. hist 211 | ||
Recettes magiques | 136 | |
Bibl. de la Soc. hist. 241 | ||
Bibl. de la Soc. hist. 188 | 138 | |
Bibl. Nationale 1490 | 140 | |
Bibl. Nationale 879 | ||
Bibl. du Sénat 124 | 141 | |
Bibl. Nationale 1506 | 142 | |
Bibl. de la Soc. hist. 223 | 144 | |
Méthodes divinatoires diverses | 149 | |
Bibl. Nationale 1275 | ||
Divination cléromantique | 155 | |
Bibl. Nationale 1275 | ||
Bibl. de la Soc. hist. 210 | ||
Onirocrite alphabétique | 165 | |
Bibl. Nationale 1275 | ||
Onirocrite lunaire | 182 | |
Bibl. Nationale 1275 | ||
Onirocrite de Blaise l'Athénien | 184 | |
Bibl. Nationale 1350 | ||
Onirocrite lunaire | 204 | |
Bibl. Nationale 1350 | ||
Omoplatoscopique | 206 | |
Bibl. Nationale 1493 | ||
Palmique | 209 | |
Bibl. Nationale 1493 | ||
Testament de Salomon | 211 | |
Bibl. Nationale 2011 | ||
Exorcismes | 228 | |
Bibl. Nationale 825 | ||
Évangile de l'Enfance, de Jacques | 264 | |
Bibl. Nationale 355 | ||
Apocalypse de la Vierge | 272 | |
Bibl. Nationale 356 | ||
Bibl. Nationale 352 | 280 | |
Invention de la Croix | 289 | |
Bibl. Nationale 343 | ||
Fondation de Ste Sophie | 299 | |
Bibl. de la Soc. hist. 71 | ||
Sur les hérésies | 313 | |
Bibl. du Sénat 33 | ||
Chorographie ecclésiastique | 322 | |
Bibl. Nationale 74 | ||
Prophéties théosophiques | 324 | |
Bibl. Nationale 355 | ||
Bibl. Nationale 1070 | 328 | |
Bibl. Nationale 373 | 330 | |
Bibl. Nationale 701 | 331 | |
Pamphlet contre Mahomet | 333 | |
Bibl. de la Soc. hist. 71 | ||
Physiologus | 358 | |
Bibl. Nationale 1008 | ||
Supplement : Manuscrits etrangers | ||
Divination par les nombres | 388 | |
Harleianus 5596 | ||
Cléromancie astrologique | 392 | |
Harleianus 5596 | ||
Traité de magie de Salomon | 397 | |
Harleianus 5596 | ||
Recettes magiques | 445 | |
Parisinus 2419 | ||
Divination par les nombres | 451 | |
Parisinus 2419 | ||
Recettes magiques | 456 | |
Parisinus 2419 | ||
Traite de magie de Salomon | 470 | |
Parisinus 2419 | ||
Recettes magiques | 478 | |
Parisinus 2419 | ||
Traité onirocritique de Manuel Paléologue | 511 | |
Parisinus 2419 | ||
Onirocrite lunaire | 525 | |
Parisinus 2511 | ||
Onirocrite alphabétique | 527 | |
Parisinus 2511 | ||
Onirocrite lunaire | 546 | |
Parisinus 2315 | ||
Recettes magiques | 548 | |
Parisinus sup. 696 | ||
Parisinus sup. 636 | 549 | |
Parisinus 2316 | ||
Parisinus 2894 | 553 | |
Parisinus 1603 | 554 | |
Arithmomancie | 557 | |
Parisinus 2494 | ||
Physiologus | 562 | |
Parisinus sup. 223 | ||
Recettes magiques | 572 | |
Bononiensis Univ. 3632 | ||
Neapolitanus II C 33 | 613 | |
Floreniinus 86, 14 | 625 | |
Floreniinus 28, 14 | 627 | |
Mediolanensis H 2 inf | 631 | |
Vindobonensis phil. gr. 108 | 634 | |
Vindobonensis phil. gr. 179 | 639 | |
Mediolanensis E 37 sup | 640 | |
Traité de magie de Salomon | 649 | |
Athous, Dion. mon. 282 | ||
Addenda et Corrigenda | 652 | |
Table alphabétique | 657 |
[vii]
PRÉFACEEn 1912 et en 1913, en faisant des recherches dans les manuscrits grecs des Bibliothèques publiques d'Athènes, j'ai découvert et recueilli un certain nombre de textes inédits qui m'ont paru, malgré leur époque parfois assez récente, présenter quelque intérêt, soit pour l'histoire des conceptions religieuses, soit au point de vue de l'histoire des sciences. J'ai publié récemment, dans la collection du Catalogus Codicum Astrologorum graecorum (t. X), dirigée par M. F. Cumont, une description et des extraits des manuscrits astrologiques. Aujourd'hui, dans ce premier volume d'Anecdota, j'ai réuni des textes qui attestent la survivance, jusque dans les temps modernes, des pratiques magiques et divinatoires de l'antiquité, ainsi que des opuscules qui représentent certaines tendances un peu aberrantes de la mystique chrétienne. Les textes que m'ont journis les manuscrits d'Athènes ont pu être, à temps encore heureusement, complétés par des extraits de manuscrits d'autres bibliothèques, que j'ai recueillis dans un supplément. L'intérét que l'on témoigne de plus en plus de notre temps à l'étude des superstitions anciennes, — l'astrologie, l'alchimie, la divination, la magie, etc., — soit pour satisfaire le goût du folklore, soit en vue de poursuivre l'histoire des conceptions religieuses et philosophiques jusque dans leurs manifestations les moins élevées, me fait espérer que la publication de ces documents sera Men accueillie des érudits. Legrand, dans sa Bibliothèque grecque vulgaire, Vassiliev, dans ses Anecdota graeco-byzantina, Almazov, dans les Lietopis istoriko-philol. obchestva pri... novorossiiskom Universitetie, viz. otd., V, 1900, et VI, 1901, ont déjà publié un certain nombre de recettes magiques, d'incantations et de prières chrétiennes qui présentent les mêmes caractéristiques que nos textes. Reitzenstein, dans Poimandres, Pradel, dans les Griechische und [viii] Süditalienische Gebete (RGV, III, 3), ont montré tout le profit que l'on peut tirer de documents de ce genre, qui n'ont rien de fictif ni de littéraire, mais qui suent la vie du petit peuple, pour compléter noire connaissance de l'histoire religieuse des premiers siècles de notre ère. Il est saisissant d'observer comme les principaux éléments des pratiques qui sont décrites et des croyances dont elles sont l'expression remontent, par une tradition ininterrompue, tout comme les livres des Cyranides publiés par Ruelle, jusqu'à l'époque de la floraison de la magie et du syncrétisme religieux, dont les papyrus magiques et les tablettes d'imprécations nous présentent des aspects si curieux. « Celui, dit Reitzenstein (p. 303), qui entreprendrait de rassembler une grande quantité de textes de ce genre pourrait suivre les influences sur l'Orient et sur l'Occident, des formules magiques rapportées dans les papyrus, non seulement à travers un millénaire et demi, mais, avant tout, bien au delà du domaine de la magie proprement dite. » Ce m'est un agréable devoir de remercier ici tous ceux qui se sont intéressés à mon travail et font facilité, en particulier les deux maîtres dont les noms figurent au frontispice de cet ouvrage: à l'un, qui jouit maintenant d'une heureuse retraite après une laborieuse et féconde carrière, je dois le goût de l'histoire religieuse et l'initiation aux méthodes qui permettent d'en faire une recherche scientifique; à l'autre, dont les conseils aussi m'ont toujours été précieux, quand je travaillais sous sa direction à l'Ecole française d'Athènes, j'ai dû, en outre, des loisirs grace auxquels fai pu achever mon dessein.
D'autres, dont je ne saurais assez louer l'obligeante courtoisie
et le désintéressement, Sir Fr. Kenyan, Mgr Gramatica, MM. D. Bassi,
R. Casey, C. Frati, J. Gilson, Kugéas, Lake, Pinard,
E. Rostagno, O. Smital, m'ont fourni des photographies de manuscrits
ou, tels M. A. Severijns et M. Kugéas encore, d'excellentes
collations ou des observations qui m'ont été d'un grand secours
pour l'établissement des textes. Enfin, on trouvera dans les
Addenda les conjectures et les remarques intéressantes que la lecture
de la. première partie du livre a suggérées à l'un des savants
les plus compétents en la matière, M. Eitrem.
[1] Traité de Magie.
Le codex 1265 de la Bibliothèque Nationale d'Athènes et
le manuscrit no 115 de la Société Historique et Ethnographique
d'Athènes contiennent des rédactions différentes et
toutes deux incomplètes d'un ancien traité de magie en deux
livres dont les recettes rappellent singulièrement, par les
doctrines et par la forme, celles des papyrus magiques.
* *
* A. Le manuscrit no 1265 de la Bibl. Nal. est un chartaceus mesurant 0.206 X 0.150, dont la plus grande partie a été écrite à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle. Il compte 61 folios, écrits par plusieurs mains et portant trois paginations d'époques différentes. La plus ancienne, qui est à moitié effacée, s'arrête au f. 39V, lequel porte le chiffre 118: c'est précisément à cet endroit que s'arrêtent aussi les textes écrits par la première main; une seconde pagination s'étend jusqu'au f. 55V, qui porte le no 178. Comme le f. 2r porte le chiffre 13, on peut en conclure que les cinq premiers folios ont disparu. Du 6e, du 7e et du 8e, il ne reste que des fragments: en outre, les lacunes de cette pagination montreut qu'un grand nombre de pages ont été arrachées. A partir du f. 56r (= p. 180), la pagination se trouve indiquée à l’envers, au bas des pages, et l'ordre des feuillets a été dérangé par le relieur.
La première écriture est fine et régulière; l’accentualion
et la ponctuation sont généralement indiquées avec soin et
exactitude. Les titres des chapitres et des paragraphes sont,
la plupart du temps, écrits à l'encre rouge. Les mots magiques
sont surmontés d'un trait horizontal comme dans les
papyrus magiques. Les ff. 34. 35, 40 à 60 contiennent des
notes magiques, astrologiques et médicales, écrites par des
mains plus récentes.
B. Le Codex 115 de la Société Historique est un manuscrit de papier de 42 folios, mesurant 0.320 X 0.160, écrit tout entier de la même main, au début du XVIIIe siècle, à ce qu'il me semble. Quelques formes d'abréviations subsistent, pour kai, ke, az, an, hn, nz. Le texte fourmille de fautes d'orthographe. L'accentuation manque dans la première partie; dans la seconde, elle est très grossière et le plus souvent inexacte. La ponetuation qui n'existe pas, pour ainsi dire, dans la première partie, est très irrégulière dans la seconde. La fin d'un chapitre ou d'un paragraphe est indiquée par une ligne de points terminée par un triangle ou un carre de points. Les titres des chapitres, certaines invocations, les mots, les dessins et les signes magiques sont écrits à l'encre rouge. Les mots magiques sont quelquefois surmontés d'un trait horizontal, comme dans le manuscrit précédent. Il y a deux paginations, toutes deux modernes et indiquées au crayon au-dessus des pages. Mais, au bas de certains folios (1 et 2, 9, 25 et 26, 33, 41), le copiste a indique les numéros des cahiers. Les ff. 1 et 2 portent le chiffre 3, ce qui indique que les deux premiers cahiers, soit 16 ff., sont perdus; il subsiste, d'ailleurs, des vestiges de cinq feuilles. L'indication du 5e cahier a été omise. Du huitième et dernier, il ne reste que deux folios; le texte est d'ailleurs incomplet. Entre les ff. 21 et 22, on aperçoit des vestiges d'une page arrachée: elle a été enlevée par le copiste lui-même, comme en témoignent les chiffres des cahiers.
Le manuscrit est en mauvais état: les feuillets sont salis
et coupés, dans le sens de la largeur, par une profonde déchirure.
On trouve ça et là des taches de cire : elles proviennent
sans doute des cierges à la lumière desquels le sorcier
accomplissait les cérémonies magiques en lisant le livre qui
lui servait de guide.
* *
* Le traité de magie dont nos manuscrits nous offrent des rédactions assez différentes était divisé en deux livres au moins. A, f. 16: teloV tou prwtou bibliou. F. 16v: bandeau de rinceaux; biblion B' . peri thV tecnhV tou tzerkoulou hgoun kuklou na erwtishV pneumata. — B, f. 16v: bhblhwn deuteron [3] b' peri thV tecnhV tou tzerkoulou hgoun khklou na idhV na erotsis pneumata. — Le titre du premier livre manque, car les premiers folios sont perdus; mais on peut conjecturer, d'après la nature des chapitres que nous avons conservés, que la plus grande partie de ce livre était consacrée à la magie astrologique. Voici un bref relevé des notices et des recettes de cette nature qui se trouvent dans les deux manuscrits; je prends pour base le texte de A, qui est le plus complet.
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J'ai publié les chapitres portant les nos 6, 7, 8, 10, 11, 13, 14,
16, 17, 18 dans le Catalogus Codicum astrologorum graecorum,
t. X (Codices Athenienses) (1). Les nos 12 et 15 étaient
déjà connus par des extraits de manuscrits de Munich et de
Paris publiés par Heeg dans le Catalogus, VIII, 2, pp. 154
ss. et 172 ss.; on y trouvera encore, p. 158, une variante du
chapitre. 17. Le chapitre 9 a été publié par Boudreaux dans
le Catalogus, VIII, 3, p. 197 ss.
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(1) Bruxelles, Lamertin, 1924. On y trouvera aussi, pp. 9-23 et pp. 40-45, un relevé complet des notices et des lacunes des mss. |
A la suite du chapitre sur 1'opportunité des voyages, le codex A présente six recettes magiques qui n'ont rien de commun avec l'astrologie. Ces recettes devaient être primitivement bien plus nombreuses, puisque le manuscrit a perdu en cet endroit neuf folios. Le ms. B ne nous offre à la place correspondante aucun texte parallèle. Mais, dans tous les deux, le premier livre se termine par une serie de recettes qui décrivent la fabrication des accessoires indispensables à l'exercice de l'art de la magie. Nous y apprenons tous les secrets de la fabrication rituelle du couteau de l'«art», de la [5] plume de l' «art», du parchemin «qui n'est pas venu au monde», du parchemin «vierge », de 1'encre sanglante de l'«art», des statuettes de cire, des statuettes d'argile et de l'anneau de l'«art». (B ne donne cette derniere recette qu'au deuxième livre). Pour le deuxième livre, le ms. B nous presente une tradition beaucoup plus complète que le ms. A, qui a été gravement mutilé. Ce livre est consacré presque exclusivement à décrire des recettes d'évocation des démons. On peut distinguer, parmi celles-ci, deux groupes de formules. Les premières sont destinées à faire apparaître les démons au magicien lui-même, qui les conjure de lui accorder telle ou telle gràce. La première recette, qui est la plus longue, est appelée «l'art du cercle». L'auteur commence par decrire avec une grande précision tous les préparatifs qui précèdent l'action: le choix du moment et du lieu, les abstinences, l'habillement du sorcier et de l'acolyte, la composition du phylactère, le dessin du «cercle de l'art», la fabrication de la clochette, les invocations et les exorcismes. Après avoir annoncé l'arrivée des démons, il donne le texte de deux conjurations relatives à la conquête des faveurs d'un homme puissant et à la découverte d'un trésor. La seconde recette décrit le même «art du cercle» d'après un autre auteur. Elle présente certaines concordances avec la précédente, mais elle en diffère surtout en ce qu'elles raporte des exorcismes des quatre points cardinaux, une «grande conjuration» et une formule de congé des démons, Le codex B contient encore trois recettes du meme genre, mais d'un appareil beaucoup plus simple, tandis que le ms. A n'en présente qu'une formule, d'ailleurs incomplète (f. 23v). Le second groupe est formé de recettes de divination analogues aux rites de lécanomantie ou d'hydromantie que nous connaissons par des notices anciennes et par quelques formules des papyrus magiques. Certaines d'entre elles sont d'ailleurs intitulées: lécanomantie, pibactoromantie, gastéromantie. Un enfant, qui sert de médium, après avoir été hypnotisé par des paroles magiques et par tout l'appareil impressionnant des préparatifs, voit apparaitre des démons dans un vase rempli d'eau. Le magicien les interroge ou les [6] fait interroger par l'enfant sur le sort d'un malade ou d'un homme qui voyage à l'étranger, la cachette d'un trésor, le nom d'un voleur, les événements de l'avenir, etc. Puis il procède a leur renvoi. Le ms. B ne contient pas moins de dix recettes de ce genre, qui présentent de grandes divergences, soit dans les préparatifs, soit dans les rites, soit dans les formules de conjuration, mais qui ont toutes certains traits communs. Le ms. A, défiguré par des lacunes, n'en fournit que quatre de première main, et encore sont-elles fragmentaires. Le ms. B contient en outre une recette pour faire apparaître les démons sur les ongles du médium (onychomantie) et une formule de nécromancie, malheureusement incomplète. Entin, le ms. A nous a conservé encore, dans les deux livres, un nombre considérable de recettes magiques analogues à celles que nous ont révélées les papyrus magiques. Il est possible que toutes celles qui sont écrites de première main fassent partie du fonds originel et aient figuré dans l'archétype dont dérivent les deux manuscrits. Dans le premier livre, le ms. A en présente six, après une lacune de neuf feuillets; le second livre en contient soixante-dix, malgré des lacunes de six feuillets. Le plus grand nombre sont relatives au succès dans les amours ou dans les affaires; d'autres décrivent des rites d'ordalie, de divination par les songes, de katadesmoV de divers types. Enfin le même manuscrit nous présente encore une liste des démons et des anges qui gouvernent les lieures des sept jours de la semaine.
Parmi les notices ajoutées au premier fonds, dans le ms. A,
par un grand nombre de mains différentes, les unes sont
de nature astrologique: elles ont été décrites et en partie
publiées dans le Catalogus, tome X. Les autres sont des
recettes magiques du type de celles qui ont été copiées par
la première main. A côté d'une lécanomantie, on y trouve
des formules se rapportant aux sujets les plus divers: l'amour,
le succès dans les affaires, la découverte d'un trésor, la
defixio de la langue médisante, l'aiguillette, les exorcismes de
mauvais démons, les phylactères contre les maladies, etc.
J'ai cru pouvoir distinguer, dans ces notes, huit types d'écriture;
mais, comme quelques-unes présentent des traits de
[7]
parenté, il est possible que certaines recettes que j'ai attribuées
à des mains différentes, proviennent en réalité d'un
même copiste qui les aurait écrites à diverses époques. m2
paraît dater encore du XVIIe siècle ; les autres proviennent
du XVIIIe et même, je crois, du XIXe siècle. Elles sont bourrées
de fautes d'orthographe et de formes dialectales et trahissent
des défauts de prononciation qui altèrent terriblement
les mots et rendent la lecture des textes tres difficile,
quelquefois m^ecirc;me incertaine. En outre, très souvent l'accentuation
manque ou est tout a fait défectueuse.
*
* * Par le contenu du premier livre, nos manuscrits magiques sont apparentés à un codex de Munich, déjà signalé par Politis, dont le texte a été publié par Heeg dans le Catalogus, VIII, 2. On trouve, en effet, dans celui-ci, comme je l'ai indique plus haut, un certain nombre de chapitres analogues à ceux des manuscrits d'Athènes: une liste des heures consacrées aux Planètes, les invocations aux Planetes, l'invocation aux anges, les signes ou caractères des Planètes, les noms des anges et des démons des heures de chaque jour. Le manuscrit de Munich contient, en outre, deux traités relatifs aux plantes consacrées aux Signes du Zodiaque et aux plantes des sept Planètes, qui n'existent dans nos manuscrits d'Athènes, mais qui ont pu y figurer autrefois et qui trouvent d'ailleurs des équivalents dans un certain nombre de manuscrits astrologiques. Un manuscrit de Turin, qui a péri dans unincendie (Catalogus, IV, p. 15, et VIII, 2, p. 139), présentait aussi des chapitres qui, à en juger par leur titre, rappelaient beaucoup la matière du premier livre des manuscrits d'Athènes et le contenu du manuscrit de Munich. On y trouvait, en effet:
1o) un tableau des heures consacrées aux Planètes (cf.
A et B, no 6); Ces deux manuscrits de Munich et de Turin ont ceci de commun qu'ils rapportent ces doctrines astrologiques à un ouvrage de Salomon qui affectait la forme d'une lettre à son fils, Jéroboam ou Roboam. Ce mémoire secret était destiné à lui révéler les «principes de l'art» et le ms. de Munich précise que par cet art, il faut entendre celui de l'Hygromantie. Cependant, aucun de ces manuscrits ne présente une seule notice qui justifie un tel titre. Mais nos manuscrits d'Athènes, bien que, par suite de la chute des premiers feuillets, le titre du traité en deux livres ait disparu, paraissent avoir conservé une tradition différente et plus complète du même ouvrage dont les manuscrits de Munich et de Turin n'ont plus que des fragments. En effet, d'une part, l'Hygromantie annoncée par le titre et qui fait défaut dans ces derniers manuscrits, nous est conservée dans les nôtres, puisque le second livre lui est, pour une bonne part, consacré. D'autre part, quoique le nom de Salomon ne figure pas dans le titre de ce livre, il se trouve souvent cité dans le texte: le phylactère décrit dans la principale recette d'évocation de démons, l'«art du cercle», est appelé Ourania tou SolomwntoV; la troisième et la quatrième recettes de lécanomantie sont attribuées à Salomon et la septième contient une prière magique appelée «Clef de Salomon». Il faut noter aussi que l'auteur s'adresse constamment à un novice qui désire être initié, tout comme Salomon le fait dans sa lettre à son fils.
Les manuscrits d'Athènes nous présentent done une tradition
remaniée, mais beaucoup plus complète, du traité
de magie qui n'était connu jusqu'ici que par quelques extraits,
d'ailleurs purement astrologiques, du codex de Munich.
*
* * | |
C'est à Politis (2) que revient le merite d'avoir le premier attiré
l'attention sur ces manuscrits magiques et d'avoir montré
qu'ils se rattachent par un grand nombre de traits a la tradition
des traités de magie de l'Antiquité, dont les papyrus
nous ont conserve des fragments. Il a observé que les auteurs
[9]
des recettes de nos manuscrits attachent, comme les sorciers
des papyrus, une grande importance au choix de la matière
qui doit recevoir le texte des incantations et à la composition
des encres spéciales employées pour les diverses sortes
d'inscriptions et il a relevé soigneusement, dans les manuscrits
d'Athènes, toutes les indications de ce genre.
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(2) Byzantinische Zeitschrift, I (1892), pp. 555-571. |
Mais il y a bien d'autres concordances, et d'un caractère plus fondamental, entre les conceptions et les usages de la magie antique et ceux du traité conservé dans nos manuscrits. Cet ouvrage constitue une mine inépuisable de renseignements sur les procédés de lécanomantie et d'évocation des esprits, sur les formes anciennes de l'hypnotisme, sur les rites d'envoûtement, d'ordalie, de divination, sur l'emploi de la magie sympathique, l'usage des alphabets secrets, des «sceaux» et des «caractères» magiques, sur la conception de la pureté rituelle, la valeur magique des métaux, des plantes, des animaux, des objets, des gestes, des paroles, sur la démonologie, etc. Nous nous réservons de revenir ailleurs sur ce sujet. |
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