This edition by Joseph H. Peterson, Copyright © 2002, 2003, 2006, 2009. All rights reserved. It took me over six years to complete this transcription. Please enjoy, but don't redistribute, or I will send my demons to make it right. Putting my content on your site, drives down my web traffic, and robs me of the paltry opportunity I have to recover some of my expense. Plus it robs you and everyone else of future content. -JHP
L'editeur n'endorse ni ne recommende les methodes et recettes inclus dans ce livre. -JHP
NOTE: the editor does not endorse or recommend any of the
recipes found in this book. -JHP
[131]
On trouve des petites pierres rondes
& verdâtres au pied du mont
Cenis, qui ont telle vertu, que si vous
en mettez une dans chaque oreille
d'un cheval furieux, & que vous serriez
ses oreilles avec laa main, le cheval
deviendra doux & traitable; ensorte
que non-seulement on le montera
facilement, mais le maréchal le
ferrera sans qu'il regimbe aucunement.
Le taureau furieux & indompté
se peut apprivoiser, si on le lie à un
figuier, & qu'on lui fasse prendre sa
nourriture durant quelque tems sous
cet arbre. On en vient aussi à bout, si
on lie avec de l'écorce de sureau la
jambe droite du taureau au dessous
du genou.
Vous aurez une langue de serpent
[132]
que vous envelopperez de cire vierge,
& vous la mettrez dans l'oreille gauche
d'un cheval, il tombera par terre
comme s'il étoit mort; & aussi-tôt
que vous l'aurez ôtée, il se relevera
plus gaillard qu'il n'étoit au paravant;
il ne faut pourtant pas la laisser longtems,
de peur que cela ne nuise au
cheval.
On rapporte du fameux Gigés,
qu'il parvint au trône de la Lidie par
le moyen d'un anneau magique, qui
le rendant invisible, lui donna la facilité
de commettre adultere avec la
reine & de tuer le roi. Les sages cabalistes
nous ont laissé la méthode de fabriquer
des anneaux qui ont pareillement
la vertu de l'invisibilité. Il faut
entreprendre cette opération importante
un jour de mercredi du printems
sous les auspices de Mercure, lorsque
l'on connoîtra que cette planete sera
[133]
en conjonction avec une des autres
planetes favorables, comme la Lune,
Jupiter, Vénus ou le Soleil; & ayant
de bon mercure fixé & bien purifié,
on en formera une grosse bague qui
puisse entrer facilement dans le doigt
du milieu de la main, on y enchassera
dans le chaton unt petite pierre que
l'on trouve dans le nid de la huppe,
& on gravera autour de la bague les
paroles suivantes:
même que celui qui est fait avec de
mercure, excepté qu'on l'ôte absolument
du doigt quand on ne veut pas
être invisible.
Comme il n'y a point de poison
dans la nature qui n'ait son antidote,
la sage providence du Créateur ayant
fait toutes choses avec poids & mesure,
[136]
ne permit point de prestige qui
n'ait son remede. Si l'on veut donc se
précautionner contre l'effet de l'anneau
cabalistique de Mercure, on
aura une bague composée en la maniere
suivante. On formera un anneau
avec du plomb affiné & bien purgé
en la façon qu'on l'a expliqué à l'endroit
ci-devant où l'on a parlé des
talismans, des nombres mystérieux,
des planetes; & dans le chaton de
cette bague de plomb on enchassera
un œil de jeune belette qui n'aura
porté des petits qu'une fois, & sur
le contour de la bague on gravera les
paroles suivantes: Apparuit Dominus
Simoni. La fabrique de cette bague se
fera un jour de samedi, lorsque l'on
connoîtra que Saturne sera en opposition
avec Mercure: on fera trois fois
le parfum du samedi, on enveloppera
la bague dans un morceau de linceul
mortuaire, & l'on l'enterrera dans un
cimetiere, on le laissera pendant neuf
jours; puis l'ayant retiré, on fera
[137]
trois fois le parfum de Saturne, & l'on
s'en servira. Ceux qui ont inventé cet
anneau, ont raisonné sur le principe
de l'antipathie, qui se trouve entre
les matieres qui composent ces deux
anneaux qui ont des effets si opposés;
en effet, il n'y a rien de plus antipathique
à la hyene que la belette. Et Saturne
est presque toujours rétrograde
à Mercure; ou quand ils se rencontrent
dans le domicile de quelques-uns
des signes du Zodiaque, c'est
toujours un aspect funeste de mauvaise
augure.
On a supposé ci-devant que chaque
planete à son métal affecté & approprié
à sa constitution céleste. Pour
donc procéder avec ordre à la fabrique
des anneaux dont nous voulons
ici parler, nous dirons qu'il n'est pas
[138]
seulement nécessaire de se servir des
métaux des planetes, mais aussi faut-il
cónnoître les pierres qui ont rapport
à leur constitution pour y être enchassées
& gravées de leur figure mystérieuse.
La pierre d'aigle ou œtithes,
& la hyacinthe sont de nature solaire,
l'émeraude est lunaire, L'aiman est
propre à Mars aussi-bien que l'amétyste.
La topase & le porphyre conviennent
à Mercure; la bérile est
propre à Jupitre; la cornaline convient
` Vénus & à Saturn, le chalcédoine
& le jaspe. Cela étant ainsi
connu, on fabriquera des anneaux
du métal & des pierreries convenables
à chaque planete; on aura soin
de les fabriquer à leurs propres jour
& heure de leur favorable constellation,
& on gravera sur les pierres les
figures mystérieuses dont nous avons
donné les modeles ci-devant gravés
en taille-douce dans l'endroit où nous
avons parlé des talismans, des nombres
mystérieux des planetes; & parce
[139]
qu'il n'est pas si aisé de graver les figures
sur les pierres proprement, que
comme sur les métaux où on les peut
imprimer avec des ferremens, il est
bon d'avertir ceux qui entreprendront
ces opérations, que, pourvu qu'ils
commencent leur travail au premier
moment de l'heure favorable de la
planete, & qu'ils continuent sans désister,
l'anneau sera de valeur & aura
l'influence souhaitée. Voici un modele
des heures, tant pour le jour que
pour la nuit, qui servira à connoître
celle à laquelle commence à présider
chaque planete dans tout le cours de
la semaine.
On doit toujours commencer par
les heures du jour du dimanche.
A la premiere domine le Soleil, à la
seconde Vénus, à la troisieme Mercure,
à la quatrieme la Lune, à la
cinquieme Saturne, à la sixieme Jupiter,
[140]
à la septieme Mars, à la huitieme
le Soleil, à la neuvieme Vénus,
à la dixieme Mercure, à l'onzieme la
Lune, à la douzieme Saturne.
A la premiere Jupiter, la seconde
Mars, la troisieme le Soleil, la quatrieme
Vénus, la cinquieme Mercure,
la sixieme la Lune, la septieme Saturne,
la huitieme Jupiter, la neuvieme
Mars, la dixieme le Soleil, l'onzieme
Vénus, la douzieme Mercure.
A la premiere domine la Lune, la
seconde Saturne, la troisieme Jupiter,
la quatrieme Mars, la cinquieme le
Soleil, la sixieme Vénus, la septieme
Mercure, la huitieme la Lune, la
neuvieme Saturne, la dixieme Jupiter,
l'onzieme Mars, la douzieme le Soleil.
A la premiere Vénus, la seconde
[141]
Mercure, la troisieme la Lune, la
quatrieme Saturne, la cinquieme Jupiter,
la sixieme Mars, la septieme
le Soleil, la huitieme Vénus, la neuvieme
Mercure, la dixieme la Lune,
l'onzieme Saturne, la douzieme Jupiter.
A la premiere Mars, la seconde le
Soleil, la troisieme Vénus, la quatrieme
Mercure, la cinquieme la Lune,
la sixieme Saturne, la septieme
Jupiter, la huitieme Mars, la
neuvieme le Soleil, la dixieme Vénus,
l'onzieme Mercure, la douzieme
la Lune.
La premiere Saturne, la seconde
Jupiter, la troisieme Mars, la quatrieme
le Soleil, la cinquieme Vénus,
la sixieme Mercure, la septieme la
Lune, la huitieme Saturne, la neuvieme
Jupiter, la dixieme Mars,
[142]
l'onzieme le Soleil, la douzieme Vénus.
A la premiere Mercure, la seconde
la Lune, la troisieme Saturne, la quatrieme
Jupiter, la cinquieme Mars,
la sixieme le Soleil, la septieme Vénus,
la huitieme Mercure, la neuvieme la Lune,
la dixieme Saturne, l'onzieme
Jupiter, la douzieme Mars.
A la premiere le Soleil, la seconde
Vénus, la troisieme Mercure, la quatrieme
la Lune, la sixieme Jupiter, la
septieme Mars, la huitieme le Soleil,
la neuvieme Vénus, la dixieme Mercure,
l'onzieme la Lune, la douzieme
Saturne.
A la premiere Jupiter, la seconde
Mars, la troisieme le Soleil, la quatrieme
Vénus, la cinquieme Mercure,
la sixieme la Lune, la septieme Saturne,
[143]
la huitieme Jupiter, la neuvieme Mars,
la dixieme le Soleil, l'onzieme Vénus,
la douzieme Mercure.
A la premiere la Lune, la seconde
Saturne, la troisieme Jupiter, la quatrieme
Mars, la cinquieme le Soleil,
la sixieme Vénus, la septieme Mercure,
la huitieme la Lune, la neuvieme Saturne,
la dixieme Jupiter, l'onzieme
Mars, la douzieme le Soleil.
A la premiere Vénus, la seconde
Mercure, la troisieme la Lune, la
quatrieme Saturne, la cinquieme Jupiter,
la sixieme Mars, la septieme le Soleil,
la huitieme Vénus, la neuvieme Mercure,
la dixieme la Lune, l'onzieme
Saturne, la douzieme Jupiter.
A la premiere Mars, la seconde le
Soleil, la troisieme Vénus, la quatrieme
[144]
Mercure, la cinquieme la Lune,
la sixieme Saturne, la septieme Jupiter,
la huitieme Mars, la neuvieme le Soleil,
la dixieme Vénus, l'onzieme
Mercure, la douzieme la Lune.
La premiere Saturne, la seconde
Jupiter, la troisieme Mars, la quatrieme
le Soleil, la cinquieme Vénus,
la sixieme Mercure, la septieme la
Lune, la huitieme Saturne, la neuvieme
Jupiter, la dixieme Mars,
l'onzieme le Soleil, la douzieme Vénus.
A la premiere Mercure, la seconde
la Lune, la troisieme Saturne, la quatrieme
Jupiter, la cinquieme Mars,
la sixieme le Soleil, la septieme Vénus,
la huitieme Mercure, la neuvieme la Lune,
la dixieme Saturne, l'onzieme
Jupiter, la douzieme Mars.
La disposition cabalistique de ces
genres planétiques n'est pas une des
[145]
moins curieuses productions des sages
sectateurs de la science occulte des
astres: on y voit que les figures des
planetes se trouvent chacune à la premiere
heure de son jour, sans anticiper
l'une sur l'autre, ni interrompre
leur ordre dans tout le cours des heures
des jours de la semaine, & l'on a
observé que c'est ordinairement à ces
heures que les planetes ont de favorables
aspects; ainsi ceux qui voudront
travailler aux figures mystérieuses
des pentacules & talismans, pourront
se régler sur cet ordre, & cet
arrangement des heures, parce qu'il
est de conséquence de ne pas travailler
une figure mystérieuse de Vénus
sous l'heure dee Saturne, ni une figure
de Saturne sous l'heure du Soleil, &
ainsi du reste.
Les sages qui se sont appliqués à
découvrir les origines des noms que
l'on a donné aux choses, & sur-tout
à celles qui renferment quelque chose
d'extraordinaire, disent que le nom
de talisman est un mot hébraïque, qui
signifie image mystérieuse, quelques-uns
ont dit que ce mot de talisman est
contre-tiré sur le mot grec telesma,
qui signifie grande perfection; d'autres
lui donnent son origine de ces
deux mots latins, talis mens; d'autant
que quand on est expert dans la science
cabalistique, on peut faire des talismans
selon sa pensée, selon ses intentions,
& comme on les souhaite: ce
qui est bien ex primé par ces deux mots
latins. Or, quoi qu'il en soit de l'étymologie
de ce nom, il est certain que
origine des talismans & l'usage des
figures mystérieuses nous sont venus
[147]
des Egyptiens & des Chaldéens, qui
étant très-savans dans la spéculation
des astres, en avoient pénétré toutes
les vertus & efficacités de leurs influences,
& en avoient fait une science
pratique dont l'usage les mit en
grande réputation; & les Hébreux qui
allerent en Egypte lorsque Joseph la
gouvernoit sous le regne de Pharaon,
apprirent d'eux cec mysteres; & ils s'y
perfectionnerent par la fréquentation
qu'ils eurent avec les Chaldéens qui
firent les figures célestes, pour attirer
les influences des astres, parce qu'ils
faisoient ou vertement profession d'observer
leur cours, la diversité de leurs
aspects & leurs conjonctions, pour
en tirer des pronostics qui leur servoient
à régler leur vie & leur fortune.
Ils inventerent un systême céleste,
où ils rangerent les autres sous divers
corps fantastiques pour fixer les veux
& l'imagination sur la disposition de
ces corps célestes, ils distribuerent les
planetes dans plusieurs cieux, avec
[148]
une judicieuse subordination des inférieures,
ou supérieurs, comme on le
peut voir dans cette grande figure que
j'ai fait graver. Ils firent la distinction
des signes qu'ils déterminerent sous
des figures des animaux, qui avoient
la sympathie naturelle avec les influences
des astres, & ce fut l'occasion & l'origine
de la distinction qu'ils en firent
sous les noms du taureau, du bélier,
du capricorne, de l'écrevisse, du lion,
des scorpions, des poissons, &c. avec
lesquels ils marquerent les espaces du
ciek, que le Soleil & la Lune parcourent.
On donna depuis le nom de Zodiaque
à tout cet espace ainsi distingué,
qui est un mot dérivé du grec Zoon,
qui signifie animal, à cause que ces
animaux & ces figures tirées de divers
sujets vivans, marquoient les assemblages
d'étoiles qui composent ces
signes adoptés.
Les plus curieux d'entre les savans
des Grecs s'appliquerent à cette science
[149]
mystérieuse, & y réussirent avec tant
de succès, que les plus beaux génies
des autres nations venoient se former
sous leur direction; ce qui est un
grand préjugé, qu'il y a quelque chose
de solide & de vraisemblable dans les
opérations de cette science: d'autant
plus, que la nature même semble
l'autoriser par quelques productions
merveilleuses que l'on ne peut pas
nier, j'entends parler de ces figures
hiéroglyfiques que l'on voit naturellement
empreintes sur des pierres, sur
des coquilles, sur des animaux, &
qui ont des rapports tout-à-fait surprenans,
avec les figures dont elles
sont ornées.
Crollius, qui n'est pas un auteur à
mépriser, fait remarquer, que la plupart
des plantes & des pierres métalliques
un peu hors du commun, ont,
ou en leur couleur, ou en leur figure,
des marques, des propriétés & des
usages auxquels elles peuvent être
propres; le Créateur l'ayant ainsi disposé
[150]
pour les rendre utiles aux hommes
par la sympathie qu'elles ont avec
les corps célestes. Ce même auteur
remarque que, si les Hébreux ne se
sont pas servis dans leurs talismans
des figures naturelles, ce n'étoit que
parce qu'étant zélés observateurs de
la loi qui défendoit toutes sortes d'images,
ils ne vouloient pas y contrevenir,
& d'autant plus que Moyse
avoit trouvé dans les noms divins de
Jeova, de Sabaoth, de Tategrematon [sic],
d'Eloim, &c. des vertus merveilleuses,
qui suppléoient au défaut des
figures; & c'est pourquoi ils composoient
leurs talismans de ces saints
noms & des oracles tirés de la loi, &
se persuadoient, par l'expérience
qu'ils en faisoient, qu'ils avoient la
vertu de les préserver des maux qu'ils
appréhendoient, & de leur procurer les
avantages qu'ils souhaitoient quand
ils les portoient sur eux, gravés sur
les métaux qui ont de la convenance
avec les astres qui répandent leurs
[151]
influences sur les corps sublunaires.
Ceux qui voudront approfondir
dans cette science des talismans &
figures mystérieuses, y feront beaucoup
de progrès, s'ils s'appliquerent à
la lecture des ouvrages de Jean Lheureux,
chanoine d'Aire en Artois,
imprimé à Anvers, par le soin, du
sieur Chifflet, sous le titre de Disquisitio
antiquaria de gemmis Basidianis,
seu Abraxio Apistophistos. On trouvera
ici le modele d'un talisman pour être
fortuné au jeu & dans négoce; il
a été composé par le fameux Arbatel,
qui dit qu'on le doit faire en cette
figure.
[152]
Vous aurez une pique ronde de
mercure fixé, bien purifié & bien
poli, & vous choisirez durant toute
la saison du printems un mercredi,
auquel vous observerez la constellation
de Mercure, en une situation favorable,
[153]
c'est-à-dire, en bon aspect
avec Jupiter ou Vênus, ou en conjonction
avec le Soleil ou la Lune;
vous y imprimerez d'un côtê l'êtoile
de Mercure, comme elle est ici reprêsentêe,
& de l'autre, les mots hêbreux
que vous voyez pareillement ici gravês:
& après l'avoir parfumê trois fois
du parfum propre au jour de Mercure,
vous irez l'enterrer dans un
grand chemin, sous un gibet, & l'y
laisserez durant sept jours: au bout
desquels vous le retirerez & le conserverez
pour votre usage, aprèz l'avoir
parfumê derechef trois diverses
fois du même parfum; & il sera bon
tous les mercredis, avant le soleil
levê, de rêitêrer le parfum de Mercure.
Un cêlebre auteur de notre tems
dit, qu'il n'y a point de talisman qui
ne se rapporte ou à l'astrologie, ou à
la mêdecine, ou à la religion, ou
même à toutes trois ensemble; car on
y voit les figures, au naturel ou en
[154]
hiéroglyphes, par rapport aux constellations
différentes, & ces talismans
ont la vertu d'attirer les influences
célestes sur les personnes, sur les biens
de ceux qui les font & qui s'en servent.
On grave dans d'autres des symboles
qui ont rapport aux plantes,
aux simples & aux minéraux, & autres
choses qui sont de ressort de la
médecine; & ceux-là sont utiles pour
la guérison des maladies, & la conservation
de la santé. Dans d'autres
enfin, on y mêle les noms de Dieu,
des génies célestes, & des paroles de
l'ancien & du nouveau testament,
contre les tempêtes, les naufrages,
les incendies, les morts violentes &
autres accidens.
J'ai donné ci-devant quelques modeles
de ces talismans gravés, avec
leurs propriétés & vertus, concernant
les sept planetes; & il m'en reste encore
d'autres, dont je parlerai ci-après,
afin de mettre un peu de variété dans
ce petit trésor des secrets.
Vous aurez grand soin de bien
choisir les drogues suivantes, ensorte
qu'il n'y en ait aucune de gâtée ou
sophistiquée; cannelle fine, girofle,
noix muscade, gingembre, zedouary,
galenga, poivre blanc, de tout cela
une once; six pelures de bon citron,
deux poignées de raisins de Damas,
autant de jujubes, une poignée de
moëlle d'iebles; quatre poignées de
graine de genievre qui soit bien mûre,
une poignée de semence de fenouil
vert, autant de fleurs de basilic, autant
de fleurs de mille-pertuis, autant
de fleurs de romarin, autant de fleurs
de marjolaine, de pouillos, de stecados,
de franc sureau, de roses muscades,
de rue, de scabieuse, de centaurée,
de fumeterre & d'aigremoine;
deux onces de spica-nardi, autant de
bois d'aloës, autant de graine de paradis,
autant de calami aromatici,
[156]
autant de bon macis, autant d'oliban,
autant de sandal citrin, une drachme
d'aloës épatique, ambre fin, rhubarbe,
deux drachmes.
Toutes ces drogues étant assemblées
& bien conditionnées, on pilera celles
qui doivent être pilées & pulvérisées,
on mettra le tout bien mêlangé dans
un grand alambic de verre fort, d'un
pied et demi de hauteur, & vous verserez
de bonne eau-de-vie sur ces drogues,
ensorte que l'eau-de-vie surnage
au moins de trois travers de
doigt au-dessus des drogues, puis
ayant bien bouché l'alambic, crainte
d'évaporation, il faut mettre l'alambic
dans un fumier de cheval bien
chaud en digestion, l'espace de quinze
jours, puis on le mettra en distillation
au bain-marie toujours bouillant,
après l'avoir muni de son chapiteau
& de son récipient, l'un & l'autre
bien lutés & scellés. On sera attentif
à la distillation, ensorte que lorsque
l'on s'appercevra que ce qui tombe
[157]
dans le récipient change de couleur,
on doit aussi changer de récipient, &
remettre la premiere eau qui a distillé
dans l'alambic pour la purifier de son
flegme par une seconde distillation;
cette seconde sera la vraie eau céleste.
Nota. Que quand vous verrez cette
seconde eau changer encore de couleur,
tirant sur le roux, vous la mettrez
en réserve, bien bouchée, dans
un bocal de verre fort, puis vous
délaierez demi-livre de bonne thériaque
avec autant de fine térébenthine
de Venise & d'huile d'amandes douces,
& mêlangerez tout cela avec le
marc qui est resté dans l'alambic, &
pousserez la distillation au feu de sable
violemment pour avoir la vraie
huile de baume, qui doit être comme
miel clair.
Si l'on se frotte le matin avec cette
eau le front, la paupiere des yeux,
[158]
le derrière de la tête &, la nuque
du cou, elle rend la personne prompte
& habile à bien apprendre, fortifie la
mémoire, aiguise les esprits & conforte
merveilleusement la vue. En la
mettant avec un morceau de coton
dans les narines, c'est un souverain
céphalique pour purifier le cerveau de
toutes superfluités, humeurs froides
& catarrheuses. Si de trois jours l'on en
boit une cuillerée, elle maintient la
personne en force, en vigueur & dans
un embonpoint, tel que la beauté se
conserve jusqu'à l'âge décrépit. Elle
est souveraine contre la courte haleine,
& la rend agréable en adoucissant
les organes du pulmon, & le guérissant
lorsqu'il est gâté. Si on en donne
de temps en temps à un lépreux, elle répare
si bien son foie, qu'elle le met
en voie de prompte guérison. Elle est
tellement propre contre les venins &
poisons, que si l'on en verse sur un
crapaud ou autre insecte venimeux
seulement six gouttes, on le voit mourir
[159]
soudainement. Il n'y a point de
restaurant qui puisse égaler la vertu
substantielle de cette eau divine; car
non-seulement on peut se passer de
boire & manger durant vingt-quatre
heures, quand on en a avalé le matin
une cueillerée; mais même si l'on en
met dans la bouche d'un agonisant,
& qu'il la puisse avaler, elle lui redonne
de la vigueur, & lui rend l'usage
de la parole & de la raison, s'il
l'a perdu. Elle sert à rompre la pierre
& la gravelle, dissipe la rétention
d'urine & l'ardeur brûlante de la
verge. Elle soulage notablement les
étiques, asthmatiques & hydropiques;
les goutteux même s'en peuvent servir
utilement par fomentations. Elle garantit
de la peste & de toute fievre
maligne, quelle qu'elle puisse être;
en un mot, on peut appeller cette
eau céleste, une médecine universelle.
Si vous en mettez dans les oreilles
d'un sourd, seulement trois gouttes
de temps en temps, en bouchant les
oreilles avec un peu de coton qui en
sera imbibé, la surdité se dissipera.
Elle peut guérir toute sorte de galle
& de teigne, la plus invétérée qu'elle
soit. Item, toutes apostumes, plaies,
cicatrices, ulceres, vieilles & nouveaux.
Item, toutes sortes de morsures
venimeuses, de serpents, scorpions,
&c. Item, toutes fistules,
crampes & érésipelles. Item, toute
palpitation de cœur & des autres
membres, par fomentation & emplâtres.
Crollius en fait tant d'estime,
qu'il le nomme par excellence, huile
mere de baume, témoignant par-là
qu'il est plus excellent que le baume
même.
Cette recette que je vais donner
contre la peste & toute maladie
contagieuse, est un présent d'un roi
d'Espagne à sa fille, reine de France,
que je tiens de son premier médecin;
& il n'y a personne qui ne le puisse
faire à cause de sa grande facilité.
Vous ratisserez bien douze racines
scorsoneres, salsifis noirs, vous les ferez
cuire dans trois pintes de vin
blanc, ensorte que le pot où ils cuiront
soit bien couvert, de crainte d'une
trop grande évaporation des esprits;
puis étant bien cuits vous les coulerez
dans un linge en les pressant un peu,
vous ajouterez à cette liqueur le jus
de douze citrons, de demi-once de
gingembre, une demi-once de clous
de girofle, une demi-once de cardamomum,
une demi-once de bois d'aloës,
le tout bien concassé; vous y
joindrez une once, ou environ, de
[162]
chacune des herbes suivantes; feuille
de rue, de sureau, de ronces & de
sauge franche; vous ferez bouillir
tout cela ensemble à bien petit feu,
jusqu'à la diminution du quart, &
puis le coulerez bien promptement
dans un linge double ou à la chausse;
& l'ayant mis dans un bocal de verre
fort, bien bouché, vous en boirez à
jeun tous les matins durant neuf jours
le tiers d'un demi-septier, & par ce
moyen vous serez à l'épreuve du mauvais
air, quand bien même vous fréquenteriez
les pestiférés. Ceux qui seront
déja frappés du mal contagieux,
ajouteront à ce breuvage le jus d'une
racine de buglose & de scabieuse, où
ils délaieront de bonne thériaque, &
ils se purgeront par-là du venin mortifere.
Et ceux qui auront le charbon
en évidence, pileront des feuilles de
ronces, de sureau, avec graine de
moutarde, & en feront une espece de
cataplasme sur le charbon, & moyennant
l'aide de Dieu, ils guériront.
Faites infuser dans du fort vinaigre
de petites racines de mûrier noir;
après les avoir bien concassées, vous
y ajouterez, gros comme une petite
feve, de vitriol romain, & vous exposerez
cela au soleil d'été durant quinze
jours dans un bocal de verre fort;
ensuite de quoi vous les retirerez &
les ferez sécher dans un pot de terre
vernissé, avec un lézard verd, dans
un four médiocrement chaud, le pot
étant bien couvert; & vous en ferez
une poudre, de laquelle vous mettrez
sur la dent gâtée, & elle la déracintera
& tombera en peu de tems.
Vous ferez une déccoction de ce que
je vais vous marquer ci-après; prenez
de l'aristoloche ronde, le poids de
[164]
deux écus, graine de laurier, autant
d'écrevisses d'eau douce séchées au
four, & qu'elles aient été prises en
pleine lune, musc en poudre, le poids
d'un écu, l'herbe appellée brunelle,
autrement consoude moyenne, le
poids de quatre écus. Il faut que cette
herbe soit cueillie avec ses fleurs, &
séchée à l'ombre entre deux linges.
Vous réduirez toutes ces drogues en
poudre, & après les avoir bien mêlées,
vous les mettrez dans un sacher de
toile neuve, qui soit sousu ou lié avec
un fil; puis vous aurez un pot de terre
neuf vernissé, dans lequel vous mettrez
votre sachet, avec une vingtaine
de petites branches de pervenche &
trois chopines du meilleur vin blanc
que vous pourrez trouver, & après
avoir bouché votre pot avec trois ou
quatre feuilles de papier, ensorte que la
vapeur n'en sorte point, vous le mettrez
au feu de charbon, & le ferez bouillir
tant que vous puissiez croire que la
décoction est diminuée du tiers; pour
[165]
lors vous le retirerez du feu, & l'ayant
laissé refroidir, vous coulerez la décoction
dans un double linge fin, & la
mettrez dans un bocal de verre fort,
pour vous en servir dans le besoin;
prenez garde sur-tout que le bocal
soit si bien bouché, qu'il ne puisse
prendre vent.
Voici de quelle maniere on s'en sert
pour la guérison des plaies. Vous aurez
une petite seringue d'argent, qui
sera toujours bien pure & nette, afin
de vous en servir pour les plaies qui
seront creuses, lesquelles il faudra panser
trois fois par jour en cette sorte:
vous nettoyerez doucement la plaie
avec un petit linge blanc de lessive,
imbibé de la décoction, puis vous seringuerez
trois ou quatre fois de la décoction
dans la plaie, & vous la couvrirez
d'un petit linge fin qui soit imbibé
de cette décoction, & la couvrirez
d'un morceau de feuille de chou
rouge, & mettrez sur cette feuille encore
un linge mouillé de la décoction,
[166]
en forme de compresse, & banderez
légérement la plaie, qui viendra à guérison
en peu de tems. Prenez garde
de la bien nettoyer à mesure qu'elle
se fermera, afin de ne pas laisser le
loup dans la bergerie.
J'ai été témoin avec étonnement de
la prompte maniere avec laquelle un
soldat polonois guérit, sans aucuns
médicamens, un de ses camarades
blessé de deux coups d'épée, qui étoient
mortels. Il commença par laver bien
sa bouche & ses dents avec de l'eau-de-vie,
puis avec de l'eau de rose, afin
d'avoir l'haleine douce & sans mauvaise
odeur; puis s'approchant du malade,
il découverit sa plaie qui étoit
toute sanglante, & l'ayant bien nettoyée
en la lavant avec eau de plantain,
il en étancha tout le sang, en
la pressant doucement & l'essuyant
avec un linge imbibé d'eau de plantain;
puis approchant sa bouche de
Si la plaie perce de part en part, il
faut faire la même cérémonie de l'autre
côté, & on la couvre d'une compresse
[168]
imbibée d'eau de plantain, que
l'on renouvelle de douze heures en
douze heures, & le malade reçoit
une prompte guérison.
Il faut entreprendre cette guérison
le plutôt que l'on peut, & ne pas
donner le tems à l'inflammation, &
l'entorse sera subtilement guérie. Celui
qui fait l'opération doit déchausser son
pied gauche, & s'en servir pour toucher
trois fois le pied malade, en formant
des signes de la croix avec ce même
pied gauche en prononçant les paroles
suivantes. A la premiere fois, il dire
Antè, + à la seconde fois, Antè te, +
à la troisieme fois, super antè te. + Le
pied malade doit être touché au-dessus
de l'entorse; & on s'en sert aussi-bien
pour guérir les chevaux que pour
guérir les hommes.
Ceux qui s'aviseront de taxer de
superstition ces sortes de manieres de
[169]
guérir, doivent savoir que de plus
habiles gens qu'eux onx donné leurs
approbations à des secrets de médecine
qui tiennent autant du merveilleux,
& dont les causes sont autant
cachées que de ceux-là. Qui est-ce,
par exemple, qui pourra expliquer
par des raisons bien plysiques, ce
que j'ai lu dans un livre de secrets,
imprimé à Paris, avec approbation
& privilege, qu'un remede infaillible
pour guérir l'insomnie ou le trop
grand assoupissement, c'est de prendre
un gros crapaud, & d'un seul
coup séparer la tête du corps, puis
faire sécher cette tête? & comme il
arrive toujours que des deux yeix de
cette tête, quand elle est séparée, il
y en a un ouvert & l'autre fermé, la
personne qui doit dormir, doit porter
sur soi l'œil fermé, & la personne qui
est trop assoupie & qui veut veiller,
doit porter sur soi l'œil du crapaud
qui est ouvert. De plus, quelle merveilleuse
propriété la poudre de crâne
[170]
humain peut-elle avoir pour guérir
promptement les ulceres les p1us envieillis?
Cela semble même contraire
à la bonne raison, & aux principes de
la médecine, qui disent que les contraires
se doivent guérir par leurs
contraires; cependant cet auteur,
approuvé & privilégié, veut que la
poudre de crâne, qui n'est que corruption,
guérisse une autre corruption,
& sur la foi de cet auteur, un
président de Paris, c'est-à-dire un
homme d'esprit & de bon jugement,
fait l'épreuve de ces secrets, avec un
heureux succès, sans crainte de passer
pour un superstitieux.
Ce même auteur, approuvé & privilégié,
dit que pour dénouer l'aiguillette,
il faut que la personne porte
dans un petit sachet pendu à son cou
trois sortes d'herbes, de l'a1kermès, de
l'armoise & du gui de chêne; a1kermès,
cueilli le 23 septembre, l'armoise
& le gui de chêne, cueillis le
24 juin, avant le soleil levé.
[171]
Item. Que pour guérir le mal des
yeux : il faut brûler sur les charbons la
dépouille d'un serpent, & en recevoir
la fumée dans les yeux: cela approche
de la guérison merveilleuse de l'aveugle
de·l'évangile, à qui le Sauveur mit
de la boue sur les yeux, pour lui faire
recouvrer la vue .. Item. Que la graine
ou semence d'ortie, mise dans la marmite,
empêche de bouillir, & la viande
de cuire, à tel feu que vous la puissiez
exposer. Item. Pour se garantir des
mauvaises rencontres dans les voyages,
il faut, dit cet auteur, mettre la
langue d'une couleuvre dans le fourreau
de l'épée. Item. Pour empêcher
une arquebuse de tirer droit, il faut
la frotter avec du jus d'oignon par le
bout. Il y a dans ce livre approuvé un
fort grand nombre d'autres secrets,
qui ne sont point autorisés par la raison;
& néanmoins les sages ne les
taxent point de superstition, les rapportant
à des causes occultes & inconnues.
Comme ce que dit Pline,
[172]
que pour empêcher les scorpions d'entrer
dans les maisons, particulièrement
dans les pays & climats où ces
insectes sont en quantité, il faut que
l'on ait soin de suspendre au-dessus de
la porte, en dedans de la maison, un
petit sachet dans lequel il y ait des
noisettes; ce naturaliste raisonne dans
ce secret sur l'antipathie qui est entre
ces serpents & le coudrier, dont la
noisette est le fruit; le raifort a pareillement
en soi une si grande antipathie
avec les scorpions, qu'en les
posant dessus, ils en meurent.
Le même Pline raconte, que pour
empêcher les vignes d'être endommagées
par les grêles ou frimats, il faut que
deux jeunes hommes prennent un coq,
& se postant proche des vignes, ils
empoigneront le coq chacun par une
jambe & une aîle, & tireront à toute
force l'un contre l'autre, ils le mettront
en pièces; puis ils feront le tour
des vignes en se tournant le dos l'un à
l'autre; & les aspergeant d'espace en
[173]
espace avec le sang du coq, & à l'endroit
où ils se rencontreront faisant le
tour, ils enterreront les pieces du coq
déchiré; & cela vaut contre les grêles,
les tempêtes, & empêche aussi les
bêtes de venir en la vigne. Quelques
autres prétendent qu'en brûlant ou
rôtissant le foie du caméléon sur un
feu de charbon, dans un champ ou
vigne, ce parfum conjure & dissipe
la grêle & tempête.
Je me suis laissé dire par de bonnes
gens de la campagne, qu'ils avoient
plusieurs fois conjuré & éloigné la
grêle & la tempête, en présentant un
miroir à l'opposite de la nuée. Pareillement,
en liant ensemble plusieurs
clefs de diverses maisons avec une petite
corde, & ranger ces clefs sur terre
en forme de cercle. Item. Mettez une
tortue à la renverse, ensorte qu'elle
ne puisse se relever ni marcher, il
est très-certain que tant qu'elle sera
dans cette posture, la grêle ni la tempête
ne tomberont point dans le
[174]
champ ni dans la vigne: ce sont des
épreuves que les villageois font journellement,
ce qu'ils ont appris de leurs
ancêtres par tradition de pere en fils.
Quoique la plupart des villageois
vivent dans l'ignorance & dans une
espece de stupidité grossière, néanmoins
ils ont de certaines connoissances
& pratiques qui donnent de
l'admiration par les effets qui en sont
produits. Je me souviens d'avoir logé
chez un riche paysan, qui avoit été
autrefois fort pauvre & misérable, si
bien qu'il étoit contraint de travailler
à la journée pour les autres; & comme
je l'avois connu dans le tems de sa misere,
je pris occasion de lui demander
ce qu'il avoit fait pour devenir riche
en si peu de temps. Il me dit qu'ayant e
mpêché qu'une bohémienne ne fût
battue & mal menée pour avoir dérobé
quelques poulets, elle lui avoit appris
le secret de faire une mandragore, &
[175]
que depuis ce tems-là, il avoit toujours
prospéré de bien en mieux, &
qu'il ne se passoit guere de jour qu'il
ne trouvât quelque chose; & voici de
quelle maniere la bohémienne lui avoit
enseigné de faire la mandragore dont
je donne la figure gravée. Il faut prendre
une racine de bryonia, qui approche
de la figure humaine; on la sortira
de terre un lundi dans le printems,
lorsque la Lune est dans une heureuse
constellation, soit en conjonction
avec Jupiter, en aspect aimable avec
Vénus; l'on coupe les extrémités de
cette racine, comme font les jardiniers
lorsqu'ils veulent transplanter
une plante, puis on doit l'enterrer
dans un cimetiere au milieu de la fosse
d'un homme mort, & l’arroser avant
le soleil levé durant un mois, avec du
petit lait de vache, dans lequel on
aura noyé trois chauve-souris, au bout
de ce tems on la retire de terre, & on
la trouve plus ressemblante à la figure
humaine; on la fait sécher dans un
[176]
four chauffé avec de la verveine, &
on la garde enveloppée dans un morceau
de linceul qui ait servi à envelopper
un mort. Tant que l'on est en
possession de cette mystérieuse racine,
on est heureux, soit à trouver quelque
chose dans le chemin, à gagner
dans le jeu du hazard, soit en trafiquant;
si bien que l'on voit tous les
jours augmenter sa chevance. Voilà
de quelle maniere le paysan me conta
fort naïvement qu'il étoit devenu riche.
Il y a des mandragores d'une autre
espece, & que l'on prétend être des
farfadets, lutins, ou esprits familiers,
& qui servent à plusieurs usages; quelques-uns
sont visibles sous la figure
d'animaux, & d'autres invisibles. Je
me suis trouvé dans un château où il
y en avoit un qui depuis six ans avoit
pris soin de gouverner une horloge &
d'étriller les chevaux, il s'acquittoit
de ces deux choses avec toute l'exactitude
que l'on pouvoit souhaiter: je
fus curieux un matin de voir ce manege,
[177]
mon étonnement fut grand de
voir courir l'étrille sur la croupe du
cheval, sans être conduite par aucune
main visible; le palefrenier me dit
qu'il s'étoit attiré ce farfadet à son service,
en prenant une petite poule noire,
qu'il avait saignée dans un grand
chemin croisé; & que du sang de la
poule, il avoit écrit sur un petit morceau
de papier: Berit fera ma besogne
pendant vingt ans, & je le récompenserai,
& qu'ayant enterré la poule à
un pied de profondeur, le même jour
le farfadet avoit pris soin de l'horloge
& des chevaux, & que de tems en
tems, il faisoit des trouvailles qui lui
valoient quelque chose. C'est un entêtement
où plusieurs personnes sont
de croire que ce qu'ils appellent mandragore,
leur paie un certain tribut
chaque jour, comme d'un écu, d'une
pistole, plus ou moins. Je n'ai jamais
oui dire cela qu'à des personnes de
petit jugement; & tous ceux qui m'en
ont parlé avec plus de vraisemblance,
[178]
ne m'ont dit autre chose, sinon que
quand on attire ces sortes de mandragores
à son service, on est heureux
au jeu, on trouve dans les chemins de
l'argent ou des joyaux, & que quelquefois
durant le sommeil on est inspiré
d'aller dans les endroits où l'on
doit trouver quelque chose. Je finirai
cette matière par le récit d'une mandragore
que j'ai vue à Metz entre les
mains d'un riche juif, c'étoit un petit
monstre à peu près semblable à la figure
que j'en donne ici gravée; elle
n'étoit pas plus grosse que le poing;
ce petit monstre n'avoit vécu que cinq
semaines, & dans si peu de tems avoit
fait la fortune de ce juif, qui m'avoua
que le septieme jour qu'il l'eut,
il lui avoit été inspiré la nuit en dormant
d'aller dans une vieille masure,
où il trouva une somme fort considérable
d'argent monnoyé, & beaucoup
de bijoux d'orfèvrerie cachés en terre,
& que depuis il avoit toujours prospéré
dans les affaires; il m'étonna
[179]
bien en me disant de quelle manière
il avoit eu cette mandragore. J'ai suivi,
me dit-il, ce que le célèbre Avicenne
a écrit sur ce sujet, qu'il faut avoir un
gros œuf de poule noire, le percer,
en faire sortir un peu de la glaire,
c'est-à-dire, environ la grosseur d'une
feve; & l'ayant rempli de semence
humaine, on bouchera le pertuis bien
subtilement, en y coulant un petit
morceau de parchemin humecté, puis
on le met couver au premier jour de la
lune de Mars dans une heureuse constellation
de Mercure & de Jupiter; &
au bout du tems convenable, l'œuf
venant à éclorre, il en sort un petit
monstre comme vous le voyez; on le
nourrit dans une chambre secrette
avec de la graine d'aspic & des vers
de terre; celui que vous voyez n'a
vécu que l'espace d'un mois & cinq
jours. Et, pour le conserver après sa
mort, on le met dans un bocal de
verre fort avec de l'esprit de vin bien
bouché.
Les deux talismans que l'on voit
gravés au-dessous de la mandragore,
ont été tirés de la clavicule de Salomon,
où on les voit en original dans
le cabinet du duc de Lithuanie: ils ont
été faits par le savant Robin [Rabbin]-Isaac Radiel,
tous deux sous les auspices
de la planete Mercure, comme il
est aisé d'en juger par les caractères
qui sont marqués dans le second.
Leur propriété s'étend sur le négoce,
sur les voyages & sur les jeux, leur
matière est celle qui convient à Mercure.
Ceux qui voudront s'instruire à
fond de cette science cabalistique des
talismans, peuvent lire avec application
les œuvres de Paracelse, de
Cardau [*Cardan], de Jamblic, de Jean-Baptiste Porta,
de Campanel, de Gaffarel, V
an Helmont, Junctin, Titheme [*Trithème, Trithemius],
Agrippa, Coclenius, Monecjus &
Flud [*Fludd]; tous ces auteurs traitent ces
matieres par principes astrologiques,
[181]
cabalistiques & naturels, d'une manière
fort sublime.
Tous ceux qui ont traité de ce
merveilleux secret, jusqu'à présent,
se sont efforcés par de grands raisonnemens
physiques d'en prouver la
réalité; & comme il est difficile de
parler clairement d'une chose qui est
par elle-même extrêmement obscure
& cachée, ce n'est pas merveille si
ces messieurs les physiciens n'ont pas
beaucoup converti d'incrédules, ni
convaincu de savants par leurs raisonnemens;
le chevalier Digby passe
pour un de ceux qui en ont parlé avec
plus d'évidence, & cependant il ne
s'est pas rendu intelligible pour toutes
sortes de personnes, parce qu'il suppose
ces principes dont on croit être
en droit de lui demander des raisons,
aussi-bien que du secret qu'il établit
sur ces principes supposés.
Il faut avoir de bon vitriol romain
[182]
que l'on calcine, ou plutôt que l'on
purifie de ses humidités superflues,
en l'exposant durant trois ou quatre
jours au gros soleil, étant renfermé
dans une fiole de verre bien bouchée.
On doit délayer de ce vitriol dans un
petit bassin d'eau de pluie, filtrée au
feu, environ une once pour une pinte
d'eau; & si c'est en été que l'on veut
opérer quelque guérison, on n'approchera
point cette eau du feu, parce
qu'il faut qu'elle ne soit ni froide, ni
chaude, mais dans un juste tempérament
entre le froid & le chaud; puis
on fera tremper dans cette composition
vitriolique un linge imbibé du
sang sorti de la plaie que l'on veut
guérir, & on le retirera étant bien
mouillé.
Si le malade est éloigné du lieu oà
se fait l'opération, ensorte qu'après
ce premier linge imbibé de son sang,
on n'eu puisse pas avoir commodément
d'autre, on se contentera de
tremper le même linge de douze heures
[183]
en douze heures dans l'eau vitriolée,
& de tenir ce linge dans un lieu
tempéré. Ce qui est en cela admirable,
est que toutes les fois que l'on
trempera le linge, le malade ressentira
à sa plaie un soulagement pareil à celui
que donne un habile chirurgien,
quand il panse de nouveau une plaie;
& le malade sera guéri en fort peu de
tems, par la vertu inestimable du vitriol,
dont nous aurons occasion de
parler ailleurs.
Ce n'est pas seulement en creusant
& fouillant dans les entrailles de la
terre que l'on trouve l'or. L'art peut
bien imiter la nature en ce point, puisqu'il
la perfectionne en bien d'autres
choses. Je dirai donc ici ce qui a été
éprouvé une infinité de fois, & qui
est devenu fort commun entre ceux
qui travaillent au grand œuvre. Vous
aurez donc un grand creuset qui soit
à l'épreuve du plus violent feu; &
[184]
l'ayant mis sur un fourneau bien ardent,
vous mettrez au fond dudit
creuset de la poudre de colophane,
de l'épaisseur du petit doigt, & vous
saupoudrerez sur cette colophane l'épaisseur
d'un doigt de fine poudre de
limaille de fer, vous couvrirez cette
limaille d'un peu de soufre rouge,
vous pousserez le feu du fourneau,
jusqu'à faire fondre la limaille
de fer; puis vous y jetterez du
borax dont usent les orfevres pour
ondre l'or; vous y jetterez pareille
quantité d'arsenic rouge, & autant
pesant d'argent qu'on y a mis de limaille
de fer, & laisserez cuire cette
composition en poussant le feu du
fourneau, & prenez garde de respirer
la vapeur du creuset à cause de l'arsenic.
Vous aurez un autre creuset,
dans lequel vous verserez par inclination
la matiere recuite, que vous
aurez auparavant bien mêlangée avec
une spatule de fer, & vous ferez ensorte
qu'elle coule dans ce second
[185]
creuset, purifiée & sans ordures; par
le moyen de l'eau de séparation, l'or
se précipitera au fond; & quand vous
l'aurez recueilli, vous le ferez fondre
dans un creuset, & vous aurez de
bel or qui vous dédommagera de vos
peines & dépenses. J'ai tiré ce secret
d'un livre qui a pour titre, le Cabinet hermétique;
& la facilité avec laquelle
on y peut réussir m'a invité à en
faire plusieurs fois l'expérience, d'autant
plus volontiers, que je l'ai trouvée
conforme dans son exécution, à ce
que dit le très-savant Basile Valentin,
que l'épreuve du grand œuvre des philosophes
se peut faire en moins de trois
ou quatre jours, que la dépense ne doit
pas excéder la somme de trois ou
quatre florins, & que trois ou quatre
vaisseaux de terre peuvent suffire.
En voici d'une autre manière que
nous a laissé Caravana, espagnol des
colonies d'Amérique. Vous prendrez
[186]
du soufre vif, du sel nître, du
salpêtre, de chacun même quantité,
c'est-à-dire environ quatre onces de
chacun; le tout étant bien pulvérisé,
sera mis dans une bosse ou grande
cornue de verre fort bien lutée, &
garnie de terre grasse; on la mettra
auprès d'un feu lent, l'espace de deux
heures, puis augmentez le feu jusqu'à
ce qu'il ne fasse aucune fumée, après
la fumée sortira une flamme hors du
cou de la bosse le long des côtés; &
cette flamme étant cessée, on verra
le soufre précipité au fond, de couleur
blanchâtre & fixe, on le tirera;
& y joignant autant de sel ammoniac,
on pilera & pulvérisera le tout
ensemble bien subtilement, & on le
fera sublimer en commençant par un
feu lent, & augmentant toujours peu
à peu, jusqu'à ce qu'il monte l'espace
de quatre heures; puis on retirera
du vase tout ce qui sera sublimé,
aussi-bien que les lies qui se trouveront
au fond; vous incorporerez le
[187]
tout ensemble & sublimerez derechef,
continuant cette manière de
sublimation jusqu'à six fois; après
quoi le soufre étant au fond du vase,
sera recueilli & pilé sur un marbre en
lieu humide, & il se convertira en
huile, de laquelle vous mettrez six
gouttes sur un ducat d'or fondu au
creuset, & se fera une huile qui,
étant mise sur un marbre, se congèlera;
& si vous mettez une partie de
cette huile sur cinquante de mercure
préparé & purgé, vous aurez un soleil
très excellent.
Comme ainsi soit que les véritables
opérateurs du grand art philosophique
soient unanimement d'accord,
que la Lune, c'est-à-dire, l'argent
est par soi, & quant à sa substance,
le vrai Soleil, c'est-à-dire,
l'or, & qu'il ne lui faut autre chose
qu'une parfaite coction. Pour donc
[188]
parvenir à cette parfaite coction, on
y procédera en cette maniere, pour
en faire seulement l'épreuve: vous
préparerez une cendre, composée de
bois de sarment, d'os de chevaux ou
de bœuf, bien brûlés & calcinés,
jusqu'à ce qu'ils soient bien blancs;
vous pulvériserez cette cendre, & la
mettrez dans un vaisseau de terre vernissée,
que vous remplirez d'eau de
forge, & y ajouterez autant de bonne
chaux vive qu'il y aura de cendre;
vous ferez bouillir le tout ensemble,
jusqu'à réduction de la moitié de
l'eau; & pour lors vous y mettrez
quatre onces de bon argent fin, que
vous aurez battu en petites lames,
environ l'épaisseur d'un sol; vous ferez
douze lames de votre argent &
les jetterez dans le vase avec votre
cendre en décoction, & continuerez
de faire bouillir jusqu'à réduction
de moitié cette moitié d'eau qui restoit;
puis vous retirerez vos douze
lames d'argent, que vous essuierez
[189]
proprement avec un linge blanc, &
laisserez reposer la composition qui
est dans le vase; & il se formera sur
la superficie une espece de sel, en
forme de cristal, qu'il faudra recueillir
avec une espatule d'étain; & vous
verserez un peu d'autre eau de forge
dans le vase, & le ferez derechef
bouillir, puis refroidir, pour en ôter
encore le sel qui se formera sur la superficie;
& continuerez ces ébullitions,
jusqu'à ce que votre composition
ne rende presque plus de sel;
ajoutez à ce sel philosophique quatre
fois autant d'un autre sel que l'on
appelle sel végétal, qui est composé
de soufre, de salpêtre & de tartre,
en la maniere que les bons artistes le
savent faire, on en trouve chez les
bons apothicaires. Outre cela, vous
prendrez quatre fois autant de bon
ciment de tuiles des plus rouges que
vous pourrez trouver; vous les réduirez
en poudre fine, & vous battrez
autant de petites lames d'or de
[190]
ducats, que vous aurez préparé de lames
d'argent, l'un & l'autre en même
poids, vous aurez le meilleur creuset
que vous pourrez, & dans le fond
vous ferez un lit des poudres que vous
aurez préparées de vos sels, de votre
ciment. de terre rouge, avec un peu
de borax dont se servent les orfèvres;
sur le premier, vous mettrez une
lame d'or, que vous couvrirez d'un
second lit de vos sels & ciment, puis
vous y mettrez une seconde lame
d'or, & ferez ainsi jusqu'à la douzieme,
qui sera pareillement couverte
comme les autres, puis vous
mettrez le creuset couvert & luté de
terre grasse au fourneau ardent, tant
de tems que vous puissiez présumer
que votre or sera fondu & précipité
au fond du creuset. Ce qu'étant achevé,
vous aurez un autre vaisseau en
forme de cornue où il y ait une ouverture
que l'on puisse ouvrir & boucher
quand l'on voudra, lorsqu'il sera
au fourneau; vous mettrez votre or
[191]
dans ce vaisseau, avec un peu de borax
pour le refondre, & quand vous
aurez raison de croire que l'or est
fondu, vous jetterez par l'ouverture
du vaisseau une de vos lames d'argent
préparé, afin que l'or le dévore
& s'en nourrisse. Vous continuerez,
& de douze heures en douze heures,
de jetterez une lame d'argent dans le
vaisseau jusqu'à la dernière, ayant
grand soin d'entretenir le feu dans un
même équilibre, en sorte que la matiere
puisse toujours être fondue;
quand vos douze lames d'argent seront
dévorées, vous pourrez laisser
éteindre votre feu & refroidir le vaisseau,
dans lequel vous y trouverez
presque au double d'or que vous y
aviez mis; & ce vous sera un très
bonne menstrue pour augmenter l'or,
en suivant exactement la méthode
que je viens de donner. On le peut
multiplier jusqu'à un million de
parties.
Si le grand nom d'Aristée n'étoit
pas devenu célèbre chez les artistes
du grand œuvre, on auroit peine à
croire ce qu'il dit dans cet écrit qu'il
adresse à son f1ls, pour son instruction
dans l'entreprise du grand œuvre
philosophique; on découvre à
travers les obscurités de cet écrit,
qu'Aristée a eu la pensée que la pierre
mystérieuse des philosophes se doive
faire avec l'air condensé & rendu
palpable artistement: voici donc de
quelle manière il instruit son f1ls sur
ce grand sujet.
Mon f1ls, après t'avoir donné la
connoissance de toutes choses, &
t'avoir appris comment tu devois
vivre, & de quelle manière tu devois
régler ta conduite par les maximes
d'une excellente philosophie; après
t'avoir instruit aussi de ce qui regarde
l'ordre & la nature de la monarchie
de l'univers, il ne me reste autre
[193]
chose à te communiquer que les cles
de la nature, que j'ai jusqu'ici conservées
avec un très-grand soin. Entre
toutes ces clés, celle qui tient le lieu
fermé aux plus sublimes génies doit
tenir le premier rang: elle est la
source générale de toutes choses, &
on ne doute point que Dieu ne lui
ait particulièrement donné une propriété
toute divine.
Lorsqu'on est en possession de cette
clef, les richesses deviennent misérables,
d'autant qu'il n'y a point de
trésor qui puisse lui être comparé. En
effet, de quoi servent les richesses,
lorsqu'on est sujet à être affligé des
infirmités humaines? A quoi sont
bon les trésors, lorsqu'on se voit
terrassé par la mort? Il n'y a point
de richesse qu'il ne faille abandonner
lorsque la mort se saisit de nous.
Il n'en est pas de même quand je
possede cette clef; car pour lors je
vois la mort loin de moi, & je suis
assuré que j'ai en mon pouvoir un
[194]
secret, qui m'ôte toute l'appréhension
des misères de cette vie. J'ai des richesses
à commandement, & je ne
manque point de trésors; la langueur
fuit devant moi, & je retarde les approches
de la mort, lorsque je possède
la clef dorée du grand œuvre.
C'est de cette clef, mon fils, que
je veux te faire mon héritier; mais
je te conjure, par le nom de Dieu &
par le lieu saint qu'il habite, de la
tenir enfermée dans le cabinet de ton
cœur & sous le sceau du silence; si tu
sais t'en servir, elle te comblera de
biens, & lorsque tu seras vieux ou
malade, elle te rajeunira, te soulagera
& te guérira; car elle a la vertu
particuliere de guérir toutes les maladies,
d'illustrer les métaux, & de
rendre heureux ceux qui la possedent.
C'est une clef que nos peres nous ont
fort recommandée sous le lien
du serment. Apprends donc à la connoître,
& ne cesse point de faire du
bien aux pauvre, à la veuve & à l'orphelin,
[195]
& que c'en soit-là le sceau
& le véritable caractere.
Sachez donc que tous les êtres qui
sont sous le ciel divisés en especes
différentes, tirent leur origine d'un
même principe, & que c'est à l'air
qu'ils doivent tous leur naissance
comme à leur principe commun. La
nourriture de chaque chose fait voir
quel est son principe, puisque ce qui
soutient la vie est cela même qui
donne l'être. Le poisson jouit de l'eau,
& l'enfant tette sa mere. L'arbre ne
produit aucun fruit, lorsque son tronc
n'a plus d'humidité. On connoît par
la vie le principe des choses; la vie
des choses est l'air, & par conséquent
l'air est leur principe. C'est pour cela
que l'air corrompt toutes choses, &
que comme il leur donne la vie, il
la leur ôte aussi de même. Le bois,
le fer, les pierres prennent fin par le
feu, & le feu ne peut subsister que
par l'air. Mais telle qu'est la cause de
la corruption, teIle l'est aussi de la
génération.
[196]
Quand, par diverses corruptions,
il arrive enfin que les créatures souffrent,
soit par le tems ou par le défaut
du sort, l'air survenant à leur secours,
les guérit, soit qu'elles soient
imparfaites ou languissantes. La terre,
l'arbre & l'herbe languissent par l'ardeur
de trop de sécheresse, mais toutes
choses sont réparées par la rosée de
l'air. Comme néanmoins nulle créature
ne peut être réparée & rétablie
qu'en sa propre nature, l'air étant la
fontaine & la source originelle de toutes
choses, il en est pareillement la
source universelle. On voit manifestement
que la semence, la mort, la
maladie & le remede de toutes choses
sont dans l'air.
La nature y a mis tous ses trésors
en y mettant les principes de génération
& de corruption de toutes choses,
& les y tient renfermées comme
sous des portes particulières & secrètes;
mais c'est véritablement posséder
la clef dorée de ces portes, que de
[197]
savoir ouvrir assez heureusement,
pour puiser l'air précipitant de l'air
même, car si l'on ignore comment il
faut puiser cet air, il est impossible
d'acquérir ce qui guérit généralement
toutes les maladies, & qui redonne
ou conserve la vie aux hommes.
Si tu desires donc, ô mon fils, de
chasser toutes tes infirmités, il faut
que tu en cherches le moyen dans la
source primitive & universelle. La
nature ne produit de semblable que
par le semblable, & il n'y a que ce
qui est semblable ou de conforme
à la nature, qui peut faire du bien à
la nature. Apprends donc, mon fils,
à prendre l'air, apprenez à conserver
la clé de la nature. C'est véritablement
un secret qui passe la portée de
l'esprit de l'homme vulgaire, mais
non pas sage; savoir tirer l'air de
l'air, l'aréance cééleste, les créatures
peuvent bien connoître l'air; mais
pour prendre l'air, il faut avoir la
clef secrette de la nature.
[198]
C'est un granjd secret de comprendre
la vertu que la nature a imprimée
aux choses. Car les naues se prennent
par des natures semblables; un
poisson se prend avec un poisson; un
oiseau avec un oiseau; l'air se prend
avec un autre air, comme avec une
douce amorce. La neige & la glace
sont un air que le froid a congelé;
la nature leur a donné la disposition
qu'il faut pour prendre l'air.
Tu mettras donc l'une de ces deux
choses dans un vaisseau de terre ou de
métal qui soit bien fermé, bien bouché,
& tu prendras l'air qui se congele
à l'entour de ce vase durant un
tems chaud; recevant ce qui distille
dans un vaisseau profond & bien étroit
par le col épais, fort & net, afin que
tu puisses faire comme il te plaira, ou
les rayons du Soleil ou de la Lune,
c'est-à-dire, l'or & l'argent. Lorsque
tu en auras rempli un vase, bouche-le
bien, de peur que cette céleste
étincelle qui s'y est concentrée ne
[199]
s'envole dans l'air. Emplis de liqueur
autant de vases que tu voudras; écoute
ensuite ce que tu dois en faire, &
garde le silence.
Bâtis un fourneau, places-y un
petit vase, moitié plein de l'air liquide
que tu auras recueilli, scelle &
lute ledit vase exactement. Allume
ensuite ton feu, ensorte que la plus
légere partie de la fumée monte souvent
en haut; que la nature fasse ce
que fait continuellement le feu central
au milieu de la terre, où il agite
les vapeurs de l'air par une circulation
qui ne cesse jamais. Il faut que
ce feu soit léger, doux & humide,
semblable à celui d'un oiseau qui
couve ses œufs. Tu dois continuer le
feu de cette sorte, & l'entretenir en
cet état, afin qu'il ne brûle pas, mais
plutôt qu'il cuise ses fruits aériens,
jusqu'à ce qu'après avoir été agité
d'un mouvement, pendant un long
tems, il demeure entièrement cuit au
fond du vaisseau.
[200]
Tu ajouteras ensuite à cet air cuit
un nouvel air, non en grande quantité,
mais autant qu'il en faut, c'est-à-dire
un peu moins que la premiere
fois; continuerez ainsi, jusqu'à ce
qu'il ne reste qu'un demi-bocal d'air
liquide qui n'ait point été cuit.
Faites ensorte que ce qui a été cuit se
liquéfie doucement par fermentation
au fumier chaud, qu'il noircisse, qu'il
s'endurcisse, qu'il s'unisse, qu'il se
fixe & qu'il rougisse. Ensuite, la partie
pure étant séparée de l'impure par le
moyen du feu légitime, & par un artifice
tout divin, tu prendras une partie
pure d'air crud que mêleras avec
la partie pure qui a été durcie; tu auras
soin que le tout se dissolve & s'unisse,
qu'il devienne médiocrement
noir, puis blanc, & enfin parfaitement
rouge. C'est ici la fin de l'œuvre, &
tu auras fait élixir qui produit toutes
les merveilles que nos sages devanciers
ont eu raison de tant estimer, &
tu posséderas par ce moyen la clef dorée
[201]
du plus inestimable secret de la
nature, le vrai or potable & la médecine
universelle; je t'en laisse un petit
échantillon dont la bonté te sera
prouvée par la parfaite santé dont je
jouis, étant âgé de plus de cent huit
ans; travaille, & tu seras aussi heureux
que je l'ai été, ainsi que je le souhaite
au nom & par la puissance du
grand architecte de l'univers.
Ceux d'entre les habiles artistes du
grand œuvre, qui ont fait de solides
réflexions sur ces principes donnés au
fils d'Aristée, croient que l'on ne travailleroit
pas en vain, si on faisoit
un mêlange avec le véritable baume
de mercure, & voici de quelle maniere
ils prétendent que l'on doit s'y doit
prendre pour faire ce baume.
Vous prendrez une livre du meilleur
mercure que vous pourrez avoir,
vous le purgerez trois fois par la peau,
& une fois par le tartre de Montpellier
calciné, vous le mettrez dans une
cornue de verre fort qui soit à l'épreuve
[202]
du gros feu; vous y joindrez
du vitriol, du sel nitre, de l'alun
de roche, & huit onces de bon esprit
de vin; & la cornue étant lutée hermétiquement,
ensorte que rien ne se
puisse évaporer, vous la mettrez en
digestion dans le fumier chaud durant
quinze jours; & au bout de ce tems,
l'on trouve cette composition transformée
en graisse morveuse: il la faut
exposer au feu de sable & pousser
peu-à-peu le feu violemment, jusqu'à
ce qu'il en sorte une humeur blanche
comme lait, qui tombe dans le récipient;
puis la remettre dans la cornue
pour la rectifier, afin d'en consommer
le flegme. Cette seconde distillation
fait sortir une huile blanche
suave, & n'a aucune corrosion, laquelle
surpasse en excellence toutes les
autres huiles métalliques; & il est sans
doute, car si on la joint avec l'élixir
d'Aristée, on opérera toutes les merveilles
que l'on peut espérer d'un si
beau travail.
[203]
Je ne sais si je dois avancer ici quelque
chose sur la foi d'un Arabe qui a
écrit sur ces sortes de matieres. Il
assure que ces deux élixirs étant joints
ensemble, avec pareille pesanteur du
plus fin or de vie ou précipité d'or,
on en fait immanquablement la pierre
des philosophes; il prétend que cette
opération se doit faire dans une fiole
de verre fort au feu de sable, & que
la calcination qui reste au fond de la
fiole peut multiplier jusqu'à cent mille
parties, & qu'elle est à toute épreuve.
Prenez deux onces de vif argent,
purgé & nettoyé par le sel & vinaigre,
joignez-le à une drachme d'or
fin oriental mis en poudre, & pêtrissez
bien ces deux matieres dans un plat
de terre vernissé qui soit un peu chaud
jusqu'à ce qu'elles soient bien mêlées:
cette mixtion s'appelle communément
amalgame; versez cette amalgame en
eau froide; s'il reste quelque peu
[204]
d'argent vif qui ne soit pas incorporé
avec l'or, il faut le passer au sac de
cuir pour le purifier, & pour le rejoindre
à votre amalgame, que vous
laverez avec sel & vinaigre distillés
jusqu'à ce qu'il n'en paroisse aucune
ordure; que, s'il arrive que l'argent
vif se diminue par les mouvemens des
mixtions & purifications que l'on en
fait, il le faut réparer, ensorte que
pour une drachme d'or il y ait huit
drachmes de fin argent. Ensuite vous
mettrez l'amalgame dans un alambic
de verre fort qui soit bien luté & bien
bouché avec de la terre grasse, & y
verser dessus deux onces d'eau-forte,
& y faire distiller cette composition
au feu de sable, puis vous remettrez
dans l'alambic ce qui sera tombé dans
le récipient: continuez cela jusqu'à
cinq fois, après quoi vous trouverez
au fond de l'alambic une poudre que
vous mettrez dans un vaisseau de terre
qui souffre le feu violent; vous arroserez
cette poudre avec de bonne eau
[205]
rose; & ayant si bien bouché le vaisseau
que rien ne puisse s'évaporer,
vous le mettrez au fourneau & pousserez
le feu tant que le vaisseau en devienne
rouge, & le laisserez refroidir
dans le même fourneau, & votre or
précipité sera fait.
Il a la propriété de guérir de la
peste, de la vérole, de la ladrerie, de
l'hydropisiè, & autres maladies difficiles
à guérir: il est souverain contre
les oppilations, contre les obstructions
de foie, il est profitable à ceux
qui ont bu du venin ou mangé des
viandes empoisonnées; on s'en sert
pour guérir les mauvais ulcères, les
érésipelles envenimées, soit en le prenant
dans quelque liqueur, soit en le
mêlangeant avec l'onguent des emplâtres;
il n'en faut donner que le poids
d'un demi-denier délayé dans deux
cuillerées de bon sirop de capilaire,
pour les femmes & les jeunes gens,
& le poids d'un denier délayé dans un
[206]
demi-verre de bon vin vieux, pour
les personnes âgées.
J'ai appris d'un moine, excellent
chymiste, & en la capacité duquel une
reine de France avait tant de croyance,
que les ordonnances de ses médecins
n'étoient point exécutées, si ce moine
ne les autorisoit par son approbation:
j'ai, dis-je, appris de ce moine, que
le sang du cerf est un prompt dissolvant
de l'or. En voici la recette: vous
prendrez deux livres du sang d'un cerf
fraîchement tué, vous le distillerez
au bain-marie par cohobation jusqu'à
cinq fois, en remettant toujours la
distillation sur le marc qui reste dans
l'alambic, & à la cinquieme fois vous
la garderez dans une fiole de verre
fort; & cette quintessence est un si
bon & si facile dissolvant de l'or, que
vous en pourrez faire l'épreuve sur
votre main, sans en être endommagé.
Prenez deux onces de salpêtre, une
demi-once de soufre, une demi-once
de sciure de bois de noyer bien sec;
vous réduirez tout cela en poudre
impalpable, & de cette poudre vous
emplirez une grande coquille de noix,
tant qu'elle pourra en contenir; &
sur cette poudre vous mettrez une petite
lame fine d'or que vous poserez
dans toute la circonférence sur la
poudre, & vous couvrirez ladite
lame de la même poudre, environ de
l'épaisseur d'un travers de doigt; &
vous verrez par expérience que la
lame fondra au fond de la coquille,
sans que cette coquille en soit brûlée:
cette expérience se fait en la même
maniere pour les autres métaux.
Il y a bien des gens qui rejettent
comme incertaine la méthode que le
savant chymiste Falopius a laissée dans
[208]
cet état pour changer le plomb en or
fin, parce qu'elle paroît trop facile
pour une œuvre de cette importance:
cependant il n'est pas le seul entre les
philosophes adoptés qui en ont parlé
en termes équivalens; Basile, Valentin
& Odomarus disent à ce sujet
presque la même chose que Falopius.
Quoi qu'il en soit, voici de quelle
maniere il dit qu'il faut s'y comporter.
Vous ferez infuser une livre de
couperose de Cypre, dans une livre
d'eau de forge, que vous aurez bien
clarifiée par filtration; l'infusion doit
être de 24 heures, en telle sorte que
la couperose soit entièrement liquéfiée
& incorporée avec l'eau; puis vous la
distillerez par filtration avec des morceaux
de feûtre bien net, & après par
l'alambic au feu de sable, & vous
conserverez cette distillation dans un
bocal de verre fort, bien bouché,
puis vous mettrez une once de bon
vif argent purifié dans le creuset que
vous couvrirez pour empêcher l'évaporation,
[209]
& quand vous pourrez présumer
qu'il commencera à bouillir,
vous y joindrez une once de feuilles
fines de bon or, & vous retirerez
aussi-tôt le creuset du feu; ce qu'étant fait,
prenez une livre de plomb fin &
très-purifié en la manière que nous
dirons ci-après; lequel plomb étant
fondu, vous y incorporerez la composition
d'or & de vif-argent que vous
aurez préparées, & vous mêlangerez
bien ces trois choses ensemble sur le
feu avec une broche de fer; & quand
tout sera bien mêlangé, ajoutez-y une
once de votre eau de couperose, &
laissez digérer le tout ensemble sur
votre feu, pendant un petit espace de tems,
& quand la composition sera refroidie,
vous trouverez que ce sera de
bon or. Remarquez que le plomb se
prépare & purifie en cette maniere.
Pour en avoir une livre de purifié, il
en faut mettre à la cuillerée, quatre
onces au-dessus de la livre pour suppléer
aux scories & à l'évaporation,
[210]
puis l'ayant fondu pour la premiere
fois, on le fait éteindre dans de bon
& fort vinaigre clarifié, on le fond
derechef, & on le fait éteindre dans
du jus ou suc de chelidoine; on continue
de le fondre, & on l'éteint en
eau salée; enfin on le fond pour la
derniere fois, & on l'éteint dans du
fort vinaigre, dans lequel on aura
éteint de la chaux vive, & il sera bien
purifié.
Ayez deux livres d'étain fin de Cornouailles,
& une livre de plomb purgé
& affiné, comme je l'ai expliqué ci-devant.
Vous mettrez votre étain
dans une cornue qui puisse enducer le
feu violent; il faut que l'étain soit
haché en limail1e, & vous y joindrez
quatre onces d'argent vif dans le tems
qu'il commencera à bouillir dans la
cornue, & un moment après vous le
retirerez de dessus le feu, & vous mettrez
[211]
dans la cornue la livre de plomb
affiné, haché pareillement en limaille;
puis vous ajusterez la cornue de
sorte que vous puissiez, sans craindre
l'évaporation subite du vif argent, le
faire bouillir au feu de raréfaction,
jusqu'à ce que vous voyiez que le vif
argent saillisse par le cou de la cornue
goutte à goutte, & se consomme entièrement;
vous trouverez au fond de
la cornue votre étain transmué, vous
le ferez fondre jusqu'à trois fois avec
une bonne once de bonne huile de lin
à chaque fois; puis la derniere fois,
vous le jetterez tout fondu dans une
bonne lessive bouillante de gravelée,
& vous le trouverez au fond du chauderon
en grenailles; vous le fondrez encore
une fois avec l'huile, & le
coulerez dans quelque vaisseau de
terre neuve, ou vous en formerez un
lingot ou autre en telle forme qu'il
vous plaira; & après toutes ces fontes
réitérées, de trois livres & un quart
de matiere que vous aviez au commencement,
[212]
il vous en restera au moins
deux livres & demie d'un métal qui
pourra passer pour de bon argent, en
ayant la fermeté & le son.
Attendu que le borax est une drogue
extrêmement nécessaire pour les
opérations chymiques de l'or & de
l'argent, je crois qu'il ne sera pas hors
de propos de donner ici la maniere
d'en faire qui soit de bon usage & ne
soit pas d'un grand prix pour épargner
la dépense. Les Anciens confondoient
le borax avec le chroisocolle; & il y en
avoit de naturel & d'artificiel, dont la
propriété est de résoudre promptement
sur le feu un corps métallique &
de rassembler en un corps les parties
divisées de l'or & de l'argent; bref,
il sert en toute œuvre où l'on a besoin
d'une prompte & subite infusion. Le
borax véritable & naturel, s'il est vrai
qu'il y en ait, vient ordinairement
d'Alexandrie; & si on se rapporte aux
[213]
écrits des anciens chymistes, il est toujours
venu de cette contrée, & c'est
de-là qu'il tire son nom de nitre
alexandrin. Il est pourtant vraisemblable
qu'on l'apporte des Indes à
Alexandrie: j'ai vu une relation qui
explique de cette sorte la maniere
dont usent les Indiens pour le tirer
des mines, & pour le conserver & le
mettre en état d'être transporté où l'on
veut. On trouve dans les minieres
d'où l'on tire l'or & l'argent, une espece
d'eau bourbeuse, on la recueille
avec la fange sur laquelle on la trouve;
on la met bouillir durant un certain
tems, puis on la coule à l'étamine
ou en un linge, & on la laisse
refroidir, & elle se congele & devient
en petites pierres comme le sel nitre;
& comme l'expérience a fait connoître
qu'en gardant ainsi ces pierrettes
long-tems, elles se détruisent & se
résolvent en poussiere; c'est pourquoi
afin d'empêcher que cela arrive, on
les confit, pour ainsi dire, & on les
[214]
nourrit dans la graisse de porc ou de
chevre, avec la même fange d'où on
a tiré l'eau dont elles sont formées; &
voici comment on pêtrit cette fange
avec de la graisse, & on en fait une
pâte; puis ayant fait un creux en
terre, proportionné à la quantité que
l'on en peut conserver, on fait premièrement
un lit de cette pâte, & on
le couvre de ces pierres de borax; puis
on fait sur elles un second lit de ladite
pâte que l'on couvre pareillement de
ces pierres, & ainsi consécutivement
jusqu'à ce qu'on ait tout employé de
petites pierres à remplir le creux, &
enfin on en couvre la superficie avec
un dernier lit de la pâte, & on couvre
le lit avec des planches en bois,
avec de la terre par-dessus, & on le
laisse ainsi durant quelques mois, &
quand on le veut transporter, on le
met pêle-mêle avec la pâte dans de
petits barrils, & c'est pourquoi il est
gras & onctueux. Les femmes qui savent
distiller bien à point cette pâte
[215]
grasse, en font un merveilleux fard
pour embellir le visage & adoucir la
peau.
Voici de quelle maniere on peut
faire avec facilité le borax artificiel,
qui a la même propriété que le naturel,
& même quelques-uns le trouvent
meilleur. On prendra de cette
pâte mêlée de pierrettes qui ne soient
point moisies, & on en délaiera dix
livres dans douze pintes d'eau bouillante
avec deux livres d'huile d'olive:
on aura soin de bien écumer cette
mixtion, & on la laissera bouillir
jusqu'à ce que tout soit bien cuit,
& on connoîtra à cela, que si on en
met sur un morceau de bois poli, il
y demeurera en consistance comme un
sirop épais; pour lors on l'ôte de dessus
le feu, & on coule cette mixtion
à travers un linge clair, on met en
réserve les pierrettes que l'on couvre
& bouche bien exactement; puis on
la met en digestion durant dix jours
dans du fumier de cheval: au bout
[216]
de quelque tems on découvre le vaisseau
& on ôte une petite croûte que
l'on trouve sut la surface, que l'on
mettra de côte; puis le reste de sa
matiere sera comme de petites glaces
qu'il faudra laver avec de l'eau fraîche,
& les mettre sécher sur une table
à l'ombre; puis on le mêlera avec
les petites pierres que l'on aura mises
en réserve en faisant la coulaison;
ensuite vous prenez trois livres de
tartre de lie de vin blanc calcinée, &
les délairez dans un grand chauderon
avec trente pots d'eau de forge bien
clarifiée; ajoutez-y huit onces de sel
nitre & une once de présure de lierre,
vous y mettrez vos pierrettes & vos
glaces séchées, & vous ferez bouillir
le tout ensemble comme vous avez
fait ci-devant; & quand la composition
sera diminuée de tiers, vous y
mettrez la croûte que vous aurez ôtée
de dessus la surface du vaisseau deterre;
& vous continuerez de le faire bouillir
jusqu'à ce que, par la même
[217]
épreuve que ci-devant, vous connoissiez
que le tout soit bien cuit; puis
vous garnirez un petit tonneau de plusieurs
bâtons en croix d'espace en espace,
ensorte que les premiers bâtons
que vous mettrez au fond en soient
éloignés de quatre doigts de hauteur,
pour donner lieu aux ordures qui s'y
précipitent; cela étant ainsi disposé,
vous fermerez bien le tonneau & l'enfouirez
dans du fumier chaud l'espace
de quinze jours, pour donner lieu
au borax de s'attacher & se congeler
autour des bâtons; & par cette maniere
vous l'aurez multiplié de plus de
quatre fois autant, & l'épreuve vous
fera voir qu'il est aussi bon que celui
qu'on a apporté des pays étrangers.
Vous prendrez quatre onces des
plus belles & plus blanches semences
des perles que vous pourrez trouver:
les plus grosses sont les meilleures;
[218]
vous les concasserez, & les ferez dissoudre
en eau d'alun la plus pure & la
plus nette, puis vous les pêtrirez l'espace
d'un quart-d'heure avec une espatule
d'ivoire, & quand la pâte sera
en consistance, vous la laverez doucement
avec de l'eau de pluie distillée,
puis ayant fait évaporer cette eau sur les
cendres chaudes, vous les pêtrirez de
nouveau avec de l'eau de fleurs de feves;
ensuite vous mettrez cette pâte
dans un petit vaisseau de verre fort,
bien bouché, & quand il aura été durant
quinze jours en digestion dans le
fumier chaud, vous formerez des perles
avec cette pâte dans un moule d'argent:
il sera bon d'observer que le
moule contienne quatre ou cinq casses
pour y former autant de perles, &
qu'elles ne soient pas toutes de la
mâme figure, c'est-à-dire, qu'elles
soient un peu plus ou moins rondes
les unes que les autres, afin de mieux
imiter les naturelles; on les percera
pendant qu'elles sont molles, avec
[219]
un poil ou soie de pourceau des plus
gros. Vous les suspendrez dans un
alambic bien bouché, de peur que
l'air ne les altere, & vous les ferez
cuire de la sorte en mettant l'alambic
au feu de sable modéré; quand il y
aura été environ six heures, vous en
retirerez les perles, & les ayant enveloppées
toutes séparément dans un
morceau de feuilles d'argent du plus
fin & moins altéré, vous fendrez un
barbeau, & ayant vuidé les entrailles
& étanché le sang, vous y mettrez les
perles & ferez une pâte de ce barbeau
sans beurre avec de la farine de feves,
& le ferez cuire au four.
Quand vous tirerez vos perles du
ventre du barbeau, si elles vous paroissent
n'avoir pas assez de lustre,
vous les laverez cinq à six fois de suite
avec eau distillée des drogues suivantes,
& de l'herbe nommée graculi,
des fleurs de feves, de l'alun de roche
en poudre, de la litharge d'argent,
des feuilles de plantain pilées, & un
[220]
pen de salpêtre; enfin pour les durcir
comme les naturelles, vous ferez
une pâte comme je vais dire; prenez
une once & demie de bonne calamine,
une once de vitriol romain, six blancs
d'œufs, que vous battrez avec eau
de plantain durant un demi-quart-d'heure,
& vous mêlangerez le tout
ensemble dans un alambic; & de
l'eau qui en distillera, vous en formerez
une pâte avec de la farine
d'orge passée au tamis de soie, &
vous envelopperez vos perles dans
un petit linge blanc, vous les ferez
cuire au four dans cette pâte, &
soyez persuadé que si vous observez
toutes ces choses avec exactitude,
vous aurez des perles d'un grand
prix, que les plus habiles jouailliers
auront peine à distinguer des naturelles.
Vous aurez une voliere ou petit
colombier bien exposé au soleil levant,
dans un lieu gai, vous mettrez
six pigeons pattus, des plus noirs que
vous pourrez avoir, & tous mâles,
& vous commencerez aux trois derniers
jours de la lune à donner la
semence d'aspic, au lieu d'autres graines
qu'on donne ordinairement aux
pigeons, & au lieu d'eau commune,
vous leur donnerez à boire d'eau rose.
Puis au premier jour de la lune, vous
les nourrirez de la maniere suivante;
vous aurez une pâte composé de fine
farine de feves, environ le poids de
six livres, que vous pêtrirez avec de
l'eau rose & les poudres ci-dessous
spécifiées; savoir, des fleurs de spica
nardi, de calami aromatici, de chacun
six drachmes, de bonne canelle,
de bons clous de girofle, de noix
muscades & de gingembre, chacun
[222]
six drachmes, le tout réduit en fine
poudre; & vous formerez de cette
pâte, des grains, de la grosseur d'un
pois chiche, & vous les ferez sécher
au soleil, de peur qu'ils ne se moisissent;
vous en donnerez quatre fois
par jour six à chaque fois, continuerez
l'espace de dix-huit jours,
& les abreuverez de l'eau rose, & aurez
grand soin de les tenir proprement,
en nettoyant bien leur fiente;
au bout de ce tems vous aurez un
vaisseau de terre vernissé, & coupant
le cou à chacun de vos pigeons, vous
ferez couler le sang dans ce vaisseau,
que vous aurez pesé auparavant, afin
que vous puissiez savoir au juste combien
il y aura d'onces de sang dans ce
vaisseau; & après que vous aurez ôté
avec une plume l'écume qui se trouvera
sur le sang, vous y joindrez de
bon musc oriental, dissous dans un
peu de bonne eau de rose, il en faut au
moins une drachme pour trois onces
de sang, avec six gouttes de fiel de
[223]
bœuf sur le total, puis vous mettrez
cette mixtion dans un matras, à col
long bien bouché, & la ferez digérer
durant quinze jours dans du fumier
de cheval bien chaud. Il sera pourtant
meilleur de faire cette digestion au
gros soleil d'été& quand on verra
que la matiere sera bien desséchée
dans le matras, on l'en tirera pour
la mettre avec du coton, dans une
boîte de plomb neuf; ce musc se
trouvera si fort & si bon, qu'il
pourra aussi bien servir à en faire
d'autre, que si c'étoit du vrai musc
d'Orient; & par ce moyen on peut
faire un gain considérable en faisant
fréquemment cette opération, puisque
la multiplication ira à plus de
trentes onces par une.
Vous réduirez en poudre fine les
drogues suivantes, que vous passerez
au fin tamis; savoir, une
once d'amidon, une once d'iris de
[224]
Florence, une demi-once d'aspalatum,
une once de benjoin, une once
& demie de spermaceti, & une
drachme de bon musc d'Orient, que vous
ferez dissoudre pareillement dans de
l'eau de cannelle distillée, & vous ferez
détremper une suffisante quantité
de gomme adragante dans une pareille
eau de cannelle, & de tout cela formerez
une pâte que vous mettrez en
digestion, comme il a été dit du
musc, & quand vous jugerez qu'elle
sera suffisamment seche, vous la garderez
pour l'usage dans une boîte
avec du coton, & la tiendrez si bien
bouchée, qu'elle ne craigne point le
vent; vous la pourrez conserver dix
ans dans sa bonté.
Vous prendrez quatre onces de
benjoin, deux onces de storax, un
quart d'once de bois d'aloës, faites
bouillir à petit feu ces drogues durant
une demi-heure, dans un vaisseau de
[225]
terre vernissé, avec de l'eau rose,
ensorte que l'eau de rose surpasse de
deux travers de doigt les drogues qui
doivent être concassées; ensuite vous
coulerez votre mixtion; vous en réserverez
l'eau qui reste; & ayant bien
fait sécher le marc, vous le pulvériserez
en fine poudre un mortier fait de
chaux, avec une livre de bon charbon
de saule; puis vous faites détremper
de la gomme adragant dans
l'eau que vous avez en réserve; puis
joignant à vos poudres une drachme
de bon musc d'Orient, dissous dans
un peu d'eau rose, vous faites de
tout cela une pâte, de laquelle vous
formerez des pastilles de la longueur
& grosseur du petit doigt, pointues
d'un bout & plates de l'autre, ensorte
qu'elles se puissent tenir droites sur
leur cube; & quand elles sont bien
seches, on les allume par le bout
pointu, & elles brûlent jusqu'à la fin en
rendant une très-suave odeur: pour
les rendre encore meilleures, on y
[226]
ajoute six grains de bon ambre gris.
On est quelquefois étonné de voir
que l'on vend à vil prix des ouvrages
d'ivoire d'une excellente ciselure: cela
ne pourroit être si l'on n'avoit pas
trouvé le secret d'amollir l'ivoire, pour
être mise au moule, & par ainsi, faire
en une heure ce que l'on ne pourroit
faire en huit jours. Voici donc ce que
j'en ai appris d'un habile artiste de la
ville de Dantzic. Il faut bien ratisser un
morceau d'ivoire, ensorte qu'il soit
entièrement blanc; puis vous le faites
bouillir dans de l'eau de mer clarifiée
par filtration, avec six onces de
racine de mandragore, & vous éprouvez
avec une espatule si elle est suffisamment
molle pour être jettée au
moule, qui doit être un peu chaud &
bien net; quand le moule est plein,
on le 1aisse refroidir, puis on expose
la figure d'ivoire à la rosée deux ou
trois jours de suite.
Vous chercherez sur quelque grand
arbre un nid de pie ou agace, & vous
irez lier ce nid avec de bonnes cordes
neuves, ensorte que la mere n'y puisse
entrer pour nourrir ses petits; puis
vous étendrez sur la terre quelques
nappes ou serviettes pour recevoir
une herbe que la pie va chercher pour
rompre les cordes dont son nid est
embarrassé, ce que le Créateur lui
fait connoîitre par instinct naturel,
laquelle herbe elle rejette de
son nid quand les cordes sont rompues,
& ladite herbe tombant sur
les nappes ou serviettes, vous la ramassez
pour vous en servir, ou
vous en allez chercher de semblable.
Vous prendrez du savon réduit en
[228]
colle un peu épaisse, vous en oindrez
la barre; puis vous nettoierez l'endroit
où vous voudrez que la barre
soit rompue, & avec un pinceau vous
oindrez cinq ou six fois cet endroit
avec l'eau ardente, dont nous avons
parlé ci-devant, qui soit rectifiée &
quintessenciée jusqu'à trois fois, &
elle rongera si subitement la substance
du fer, qu'en moins de six heures de
tems vous pourrez rompre aisément
la barre.
Vous ferez un anneau de pur argent,
dans le chaton duquel vous
enchasserez un morceau de corne de
pied d'élan; puis vous choisirez un
lundi du printems auquel la Lune
sera en aspect bénin ou en conjonction
avec Jupiter ou Vénus, & à
l'heure favorable de la constellation,
vous graverez en dedans de l'anneau
[229]
ce qui suit: + Dabi + , Habi +, Haber + , Habi +;
puis l'ayant parfumé
trois fois avec le parfum du lundi,
soyez assuré qu'en le portant habituellement
au doigt du milieu de la
main, il garantit du mal caduc.
Le talisman dont je vais parler est
gravé ci-devant, & est le premier
après les sept des nombres mystérieux
des planètes; il est d'une merveilleuse
efficacité contre les poisons,
en donnant à la personne qui le porte
un pressentiment du danger prochain
qui la menace, & on ressent une palpitation
de cœur, qui avertit du péril.
Il est aussi très-efficace pour garantir
de la morsure de toutes bêtes
& insectes venimeuses. Voici de
quelle maniere on doit faire: on
formera une petite plaque de fin or,
bien purifié & polie, un jour de dimanche,
[230]
à l'heure favorable de la constellation;
on gravera les figures qui
sont représentées au modele que j'en
ai donné au lieu marqué ci-dessus;
puis on parfumera trois fois du
parfum propre au dimanche, sous
les auspices du soleil; & l'ayant enveloppée
dans un morceau d'étoffe de
soie convenable, on la portera sur soi
dans une bourse ou une petite boîte
bien propre: on peut, si l'on veut,
graver sur le revers de la plaque un soleil
dardant ses rayons sur plusieurs
insectes comme sont crapauds, chenilles,
&c.
J'ai extrait fort exactement les figures
de ces quatre talismans d'un
excellent manuscrit original de la bibliotheque
impériale d'Insbruck. Le
premier qui représente une face humaine,
avec des caracteres hébraïques,
[231]
est bon pour se concilier la
bienveillance & la familiarité des esprits
follets, des distributeurs des richesses
& des honneurs. Il doit être
formé au dimanche, sous les auspices
du Soleil, sur une plaque de fin or,
avec les cérémonies du parfum convenable
à l'heure que l'on connoîtra
que la planète sera dans une situation
favorable, & sur-tout, en bon aspect
avec Jupiter.
Le second, où l'on voit la figure
d'un bras qui sort d'un nuage, doit
être formé un lundi, sous les auspices
de la Lune, sur une plaque d'argent
pur & bien polie, avec les cérémonies
convenables du parfum, & à l'heure
de la constellation favorable. Il est
bon pour garantir les voyageurs de
tous périls de terre & de mer, & principalement
des insultes des brigands,
des pirates & des écueils.
Le troisieme doit être formé au
jour de mardi, sous les auspices de la
planète de Mars, avec les cérémonies
[232]
du parfum convenable, & à l'heure
de l'heureuse constellation, Mars
étant en conjonction avec Jupiter,
ou regardé bénignement de Vénus. Il
est très efficace pour faire réussir les
expéditions militaires, pour charmer
les armes à feu, ensorte qu'elles ne
peuvent nuire à ceux qui les portent;
il doit être gravé sur une plaque de
fer, purifié & bien polie.
Le quatrieme doit être formé au
jour du mercredi, sous les auspices
de Mercure, sur une fine plaque de
mercure fixé, avec les cérémonies
convenables du parfum propre à la
planete & à l'heure de la constellation
heureuse, Mercure étant en conjonction
ou en aspect bénin avec Vénus
ou la Lune. Sa vertu & propriété est
de rendre fortuné dans les jeux &
dans les entreprises de négoce ceux
qui le portent; il garantit aussi les
voyageurs des insultes des brigands,
& dissipe ou découvre les trahisons
formées contre la vie de la personne
qui en est munie.
Vous mettrez dans un alambic une
livre & demie de fleurs de romarin
bien fraîches, demi livre de fleurs de pouil1ot,
une demi livre de fleurs de marjolaine,
demi livre de fleurs de lavande,
& dessus tout cela trois
pintes de bonne eau-de-vie; ayant
bien bouché l'alambic, pour empêcher
l'évaporation, vous le mettrez
durant vingt-quatre heures en digestion
dans le fumier de cheval bien
chaud; puis vous le mettrez distiller
au bain-marie. L'usage de cette eau
est d'en prendre une ou deux fois la
semaine, le matin à jeun, environ la
quantité d'une drachme, avec quelque
autre liqueur ou boisson, de s'en
laver le visage & tous les membres où
l'on se sent quelque douleur & débilité.
Ce remede renouvelle les forces,
rend l'esprit net, dissipant les fuliginosités,
[234]
conforte la vue & la conserve
jusqu'à la vieillesse décrépite, fait paroître
jeune la personne qui en use,
est admirable pour l'estomac & la
poitrine, en s'en frottant par-dessus:
ce remede ne veut point être chauffé,
soit que l'on s'en serve par potions ou
par friction. Cette recette est la véritable
qui fut donnée à Isabelle, reine
de Hongrie.
Vous envelopperez du salpêtre dans
un linge fin; puis l'ayant trempé en
eau claire, vous toucherez les boutons
avec ledit linge trempé. Il y a
une eau qui est d'un bon usage pour
embellir la face, & que je conseille
plus volontiers que ce que je viens de
dire du salpêtre. Vous prendrez deux
pintes d'eau dans quoi vous aurez fait
cuire des feves fageolles tant qu'elles
[235]
se réduisent presque en pâte; cette
eau étant mise dans un alambic, vous
y joindrez deux poignées de mouron,
deux poignées d'argentine, une livre
de veau haché, avec six œufs frais, &
sur tout cela une chopine de vinaigre
blanc. Vous distillerez cette mixtion
au bain-marie, & vous aurez une eau
exce1lente pour dissiper les rougeurs
du visage, en le lavant soir & matin.
Je sais qu'il y a une infinité de personnes
qui craignent que ces distillations
ne les rendent vieilles dès leur
jeune âge; mais en voici une qui a
un effet tout contraire, puisqu'elle
fait paroître jeunes les personnes d'un
âge avancé. Vous pétrirez un pain
avec trois livres de farine de froment,
& une livre de farine de feves, avec
du lait de chevre, sans levain trop
aigre; quand vous l'aurez fait cuire
au four, vous en ôterez toute la mie,
que vous imbiberez bien avec de
nouveau lait de chevre & six blancs
d'œufs passés à l'éponge; ajoutez-y
[236]
une once de coquille d'œufs calcinée
& mêlangées; cela étant dans un
alambic, vous en ferez une distillation
au feu de sable, & vous aurez une
excellente eau rajeunissante, en vous
en frottant tous les jours le visage,
qu'elle rendra uni & poli comme une
glace. Ceux ou celles qui ont le visage
brun ou un peu basané, pourront le
faire devenir blanc comme neige, en
se servant de la véritable eau de Venise,
qui se fait en la maniere suivante.
Vous prendrez deux pinte de
lait d'une vache noire, au mois de
mai, une pinte d'eau de la vigne
quand elle pleure, huit citrons &
quatre oranges, hachées menu par
tranches, deux onces de sucre candi,
une demi-once de borax bien pulvérisé,
quatre oignons de narcisse pilés,
& vous mettrez tout cela distiller &
rectifier au bain-marie, & vous en
conserverez l'eau dans une bouteille
bien bouchée.
Vous prendrez trente pieds de moutons
& six pieds de veaux, dont vous
ôterez toute la chair, & ne vous servirez
que de ceux qui sont longs,
vous les concasserez le mieux que
vous pourrez, & vous prendrez bien
garde à la moëlle qui s'y trouvera,
vous les mettrez bien cuire dans un
grand pot de terre neuf, & aurez soin
dans le commencement du bouillon,
de l'écumer doucement pour en ôter
l'ordure sans graisse; quand ils ont
bouilli l'espace de trois heures, vous
les laisserez bien refroidir; puis avec
une cuiller d'argent, vous leverez la
graisse sur la moëlle qui sera gongelée
sur la surface du pot, sans en laisser
aucunement: vous prendrez une pareille
pesanteur de graisse de panne
de chevreau; & si ces deux graisses
pesent une demi livre, vous y ajouterez
une drachme de borax & autant
d'alun de roche calciné, deux onces
[238]
d'huile des quatre semences froides,
& vous ferez bouillir le tout ensemble
dans une pinte de vin blanc, qui
soit bien clair, & le laissant refroidir,
vous leverez toute la superficie de la
graisse qui sera congelée, & vous la
laverez & mondifierez plusieurs fois
dans de l'eau de rose, jusqu'à ce qu'elle
soit devenue fort blanche, & vous la
mettrez dans de petits pots de fayence
pour vous en servir.
Prenez une livre d'iris de Florence,
quatre onces de storax, deux onces de
santal citrin, une demi-once de clous
de girofles, autant de canelle fine,
une noix muscade & douze grains
d'ambre gris, que tout cela soit réduit
en poudre passée au tamis; l'ambre gris
se met séparément; puis prenez
deux livres de bon savon blanc, qu'il
faut raper & mettre dans trois chopines
d'eau-de-vie, pour tremper quatre
[239]
ou cinq jours; puis le pêtrissez avec
de l'eau de fleurs d'oranger, & vous
en ferez une pâte avec de l'amidon fin
passé au tamis, & c'est pour lors que
vous pourrez mêlanger votre ambre gris
dissous avec un peu de gomme
adragante liquéfiée dans de l'eau de
senteur; & de cette pâte vous formerez
des savonnettes que vous sécherez
à l'ombre, & les fermerez
dans des boîtes avec du coton.
Ayez un grand alambic, dans lequel
vous mettrez les drogues suivantes:
benjoin, quatre onces, storax,
deux onces, santal citrin, une once,
clous de girofles, deux drachmes,
deux ou trois morceaux d'iris de Florence,
la moitié d'une écorce de citron,
deux noix muscades, canelle,
demi-once, deux pintes de bonne eau de roche,
chopine d'eau de fleurs d'oranges,
chopine d'eau de mélilot;
vous mettrez le tout dans un alambic
[240]
bien scellé & distillé au bain-marie;
& cette distillation est une eau d'ange exquise.
Prenez quatre onces de l'herbe appellée
serpentine, mettez-la dans un pot
de terre bouché, puis faites-la digérer
au ventre de cheval; c'est-à-dire, dans
le fumier chaud durant quinze jours,
elle se changera en de petits vers rouges,
desquels vous tirerez une huile
selon les principes de l'art, & de cette
huile vous garnirez une lampe; &
lorsqu'elle sera allumée dans une
chambre, elle provoquera au sommeil,
& endormira si profondément
ceux qui seront dans ladite chambre,
que l'on ne pourra en éveiller aucun,
tant que la lampe sera allumée.
Faites faire deux boîtes de fin acier,
(semblables aux boîtes ordinaires
de boussoles de mer) qui soient d'un
même poids, grandeur & figure, avec
un bord assez grand pour y mettre
tout à l'entour toutes les lettres alphabétiques;
qu'il y ait un pivot au
fond pour y poser une aiguille, comme
à un cadran commun: il faut prendre
garde que vos boîtes soient bien polies
[242]
& bien nettes; puis chercher entre
plusieurs pierres d'aiman fin & bon,
une qui ait, du côté qui tend au midi,
des veines blanches; & celle que vous
trouverez la plus longue & la plus
droite, vous la ferez scier en deux
parties les plus justes que vous pourrez,
pour en faire deux aiguilles pour
vos deux boîtes; il faut qu'elles soient
d'une même épaisseur & d'un même
poids, avec un petit trou, pour les
poser sur le pivot en équilibre. Cela
ainsi préparé, vous donnerez une de
ces boîtes à votre ami, avec qui vous
voulez lier correspondance, & lui
marquerez une heure de quelque jour
de la semaine, même une heure de
chaque jour si on le souhaite, & davantage
si l'on veut; mais cela sembleroit
un peu ennuyant; car il faut,
lorsqu'on veut parler l'un à l'autre,
être dans son cabinet un quart d'heure
ou une demi heure, une heure même
avant celle que vous aurez assigné à
votre ami, & aussi-tôt poser votre
[243]
aiguille sur le pivot de la boîte & la
regarder pendant ce tems; il faut qu'il
y ait une croix, ou quelqu'autre marque
au commencement de l'alphabet,
afin de voir, quand l'aiguille sera sur
cette marque, que vous avez intention
l'un & l'autre de parler, car il
faut qu'elle se tourne elle-même après
que l'ami qui sera éloigné l'aura mise,
toujours avant que de commencer,
sur cette marque; ainsi, l'ami pour
faire connoître son intention à l'autre,
tournera son aiguille sur une lettre,
& en même tems, l'autre se tournera
d'elle-même sur la lettre semblable,
par le rapport qu'elles ont ensemble.
Quand vous ferez réponse, il faut
faire la même chose, & lorsque l'on
aura achevé, on remettra l'aiguille
sur la même marque. Notez qu'après
avoir parlé, il faut avoir bien soin
de serrer la boîte & l'aiguille, séparément
en du coton, dans une boîte de
bois, & les garder sur-tout de la rouille.
[244]
Il faut, par exemple, sur deux onces
de bonne poudre, mettre une
once de poivre blanc pilé grossièrement,
& mêler bien le tout; chargez
votre fusil de ladite poudre un peu
plus que la charge ordinaire, & par-dessus
la poudre mettez-y du camphre
que vous battrez bien; puis mettez
par-dessus la balle, enveloppée avec
du papier, un pistolet portera aussi
loin qu'un fusil. On prend aussi une
herbe qu'on appelle psillon; c'est une
graine que l'on cueille aux signe du
Lion: elle a la semence petite comme
la moutarde; & on la brûle dans le
canon du fusil, en rougissant le canon
dans une forge; & c'est fait.
Prenez huit livres de suc mercurial,
deux livres de suc de bourrache, tige
[245]
& feuilles, douze livres de miel de
Narbonne ou autre, le meilleur du
pays, mettez le tout bouillir ensemble
un bouillon pour l'écumer, &
le passez par la chauffe à hypocras &
le clarifiez.
Mettez à part infuser pendant vingt-quatre
heures, quatre onces de racine
de gentiane, coupée par tranches
dans trois chopines de vin blanc, sur
des cendres chaudes, agitant de tems
en tems; vous passerez ce vin dans un
linge sans l'exprimer.
Mettez cette collature dans lesdits
sucs avec le miel, faisant bouillir doucement
le tout, & cuire en consistance
de sirop; vous les mettrez à rafraîchir
dans une terrine vernissée,
après dans des bouteilles, que vous
conserverez en un lieu tempéré pour
vous en servir comme il est dit, en en
prenant tous les matins une cuillerée.
Le sirop dont je vous parle dans ce
mémoire, prolonge la vie, rétablit la
santé contre toutes sortes de maladies,
[246]
même la goutte, dissipe la chaleur des
entrailles; & quand il ne resteroit dans
le corps qu'un petit morceau de pulmon,
& que le reste seroit gâté, il
maintiendroit le bon, & rétabliroit
le mauvais; il est bon pour les douleurs
de l'estomac, pour la sciatique,
les vertiges, la migraine, & généralement
pour les douleurs internes.
En prenant seulement tous les matins
une cuillerée de ce sirop, on
peut s'assurer de n'avoir besoin ni de
médecin, ni d'apothicaire; & on
passera les jours de la vie destinés de
Dieu en une heureuse santé; car il
a une telle vertu, qu'il ne peut souffrir
corruption ni mauvaise humeur
dans le corps, faisant évacuer le tout
doucement par le bas.
Ce secret a été donné par un pauvre
paysan de Calabre, à celui qui fut
nommé par Charles V, pour général
de cette belle armée navale qu'il envoya
en Barbarie; le bon homme
étoit âgé de 132 ans, à ce qu'il assura
[247]
à ce général, lequel, étoit allé loger
chez lui; & le voyant d'un si grand
âge, s'informa de sa maniere de vivre
& de plusieurs de ses voisins, qui
étoient tous presque âgés comme lui,
& même aussi fains & gaillards que
s'ils n'avoient eu que trente ans,
quoique, d'ailleurs ils avouerent qu'lis
avoient mené une vie assez libertine.
Un comte d'Allemagne, malade
depuis treize ans, fut guéri; l'électeur
de Baviere, condamné & abandonné
par les médecins de l'empire, la marquise
de Brandebourg, paralytique
depuis neuf ans, la duchesse de Fribourg,
demeurée en langueur après
une longue maladie, & plusieurs autres
personnes de qualité dont le nombre
est presque infini; enfin tous ceux
qui s'en sont servis, ont fait une heureuse
expérience de sa bonté.
Il faut couper une branche de quelqu'arbre
[248]
que ce soit, mais il ne faut
pas qu'il soit en seve; faites avec un
couteau au bout une croix de la longueur
de deux ou trois travers de
doigt, mettez un milieu un grain
d'avoine, le germe en bas, mais
qu'il aille au fond, & à chaque fente
de côté un grain d'avoine, le germe
en haut; & mettez ainsi la branche
en terre.
Prenez dix pots d'eau, six livres de
sante d'Alicante, & deux livres de
coques d'amandes en cendre; de tout
cela faites une lessive que vous garderez.
Après, prenez dix livres de savon
coupé par morceaux, mettez-les dans
une chaudière sur un petit feu jusqu'à
ce qu'il soit fondu; cela fait, versez-y
dessus dix livres de ladite lessive, &
faites-les bouillir ensemble dix à douze
bouillons, après prenez de l'empois,
détrempez-le dans la susdite lessive,
[249]
& versez le tout dans un chauderon
où le savon est fondu, & où on a jetté
la susdite lessive, & remuez bien le
tout, faites-le bouillir un bouillon;
après ayez une caisse de bois faite
exprès, jettez-y dedans un peu de
fleur de chaux vive, puis versez-y la
matiere fondue, & la laissez sécher
à l'ombre & bien à l'air.
Nota. Que l'empois n'est que pour
blanchir la matiere & lui donner la
couleur du savon.
Prenez une once & demie d'eau-de-vie,
sucre fin, deux drachmes, salpêtre, demi
drachme; mettez le tout
sur le feu, & y ajoutez dedans une
once de safran; & après avoir remué
ladite décoction, laissez-la sécher au
solen, & tu trouverez une belle
augmentation.
Il faut mêler avec le poivre de la
graine de cardamome, autrement
graine de paradis.
Prenez dix livres de cire blanche,
mettez-y dedans, étant fondue, trois
livres de farine d'iris bien tamisée, &
remuez-la bien fort; incorporez le
tout avec une espatule de bois.
Prenez de la rhubarbe, de la plus
vieille & de la plus pourrie; mettez-la
en poudre, ou coupez-la par morceaux,
faites-la bouillir dans de l'eau
commune, en remuant toujours, jusqu'à
ce qu'elle vienne en consistance
de thériaque, laissez-la sécher d'elle-même
à l'ombre; & mêlez cela avec
le musc.
Prenez de la litharge d'or en poudre,
mettez-la dans l'eau & remuez bien
avec un bâton, faites-la bouillir, &
dans l'eau qui bout mettez-y les cheveux:
si vous mettez peu de litharge,
la couleur ne sera pas si forte; si vous
en mettez beaucoup, elle sera plus
forte; il n'est pas nécessaire de la faire
bouillir, il suffit que le tout soit bien
chaud; s'il bout, il sera plutôt fait,
mais non pas si bien.
Sur deux mingles de bon esprit de
vin rectifié, ou si vous voulez un
peu plus, si vous voulez que le vernis
ne soit pas si rouge, vous pourrez
aussi diminuer un peu le poids de la
gomme laque, qui le fait rouge.
Prenez quatre onces de gomme laque
en grains, deux onces de gomme
gutte en poudre dans une fiole, avec
votre esprit de vin, & faites diminuer
[252]
le tout d'un tiers sur un feu de sable;
pour s'en servir, on met une couche
dudit vernis sur ce que vous souhaitez
dorer, soit bois, métal, livre ou autre
chose, ensuite vous mettrez une
couche fort proprement de métal faux
en feuille, laissant sécher le tout; &
quand il est sec, vous remettez encore
une couche dudit vernis sur la feuille
dudit métal, & le laissez derechef
sécher, continuant ainsi jusqu'à ce
que votre dorure ait pris autant de
couleur qu'il en faut.
Nota. Qu'il faut se servir d'un pinceau.
Nota encore, que pour bien réussir,
il faut commencer par une couche,
comme l'on fait aux tableaux.
Prenez une pinte d'eau de pluie,
deux cuillerées d'orge mondée, & un
morceau de réglisse, long comme la
main, battu bien plat. Il faut laisser
tremper ceci toute une journée, &
après le faire bouillir jusqu'à ce que
[253]
l'orge commence à crever. Prenez ceci
tous les matins & le soir, 4 cuillerées
avec 8 cuillerées de lait de vache, à la
maniere qu'on prend du café.
Prenez une once de myrrhe bien
pilée, deux cuillerées de miel blanc
du meilleur, & un peu de sauge verte
bien pulvérisée, & vous en frottez les
dents soir & matin.
Prenez le soir en vous couchant un
morceau de myrrhe, gros comme une
noisette, que vous ferez fondre dans
la bouche.
Chardon benit, ou carduus benedictus,
de l'absinthe & du safran, versez-y
dessus de l'eau bouillante, & la
buvez de la même maniere comme
l'on fait le thé, tous les jours, ou un
peu avant que la fievre vienne, elle
s'en ira bientôt.
PRenez à l'heure du Soleil, comme
auteur de la vie, quatre branches
de rue, neuf grains de genievre, une
noix, une figue seche, & un peu de
sel; pilez le tout ensemble & le mangez
à jeun en plusieurs fois.
Divers sont les jugemens qui se
font d'aucuns, si un malade doit vivre
[255]
ou mourir; mais je publierai ce
présent signe infaillible, duquel se
pourra servir un chacun, & en faire
un ferme jugement; prenez une ortie
& la metrez dans l'urine du malade,
incontinent après que la malade l'aura
faite, & qu'elle ne soit point corrompue,
& laissez l'ortie dans ladite
urine l'espace de vingt-quatre heures;
& après si l'ortie se trouve seche,
c'est signe de mort; & si elle se trouve
verte, c'est un signe de vie.
Ce mal est causé de Saturnr; prenez
à l'heure de Mars ou de Vénus,
l'herbe nommée marterica, que vous
pilerez & mêlerez avec le jaune d'un
œuf cuit en façon d'une omelette, &
mangez-en à jeun, cela vous préservera
tout-à-fait de la goutte.
Ce mal est causé par Mars; prenez
à l'heure de Saturne ou de Jupiter ses
[256]
ennemis, la racine de lireos mise en
poudre, que vous mêlerez avec la
cendre des huîtres brûlées, sain de
pourceau, & vous l'appliquerez sur
la fistule.
Ce mal est causé par Mars; prenez
à l'heure de la Lune, Mercure Saturne
ou Jupiter, ses ennemis, litharge,
racine de cannes seches, farine
de pois chiches, farine de ris;
pilez & mêlez avec l'huile d'amandes
douces & graisse de mouton liquéfiée;
& il en faut oindre le visage, & le
laisser ainsi toute la nuit & la matinée;
& le laverez avec de l'eau chaude.
Ce mal est causé de la Lune; prenez
à l'heure de Mars ou Mercure,
des scorpions, mettez-les dans un
pot de terre neuf qui ait la bouche
étroite, & le mettez dans un four qui
ne soit pas trop chaud, l'espace de six
[257]
heures, puis l'ôtez, & en pilez subitement.
Ce mal est causé de la Lune; prenez
à l'heure de Mars ou Mercure,
ses ennemis, le fruit de laurier, & en
faites une poudre, & en donnez à
boire le poids de deux drachmes,
avec vin aromatique, cela ôtera la
douleur.
Ce mal est causé de la Lune; prenez
à l'heure de Mars ou Mercure,
ses ennemis, la feuille de semence du
triolet, & la semence d'abrotanus,
& les faites bouillir dans de l'eau; en
laquelle décoction vous ajouterez une
cantharide sans tête, pieds & aîles,
mise en poudre; & en boirez une
cuillerée, cela fera uriner.
Ce mal est causé de Saturne;
[258]
prenez à l'heure de Mars ou Vénus, ses
ennemis, un faisan, tuez-le & en prenez
le fang; donnez-en deux verres
à boire, & le malade guérira infailliblement.
Ce mal est causé du Soleil; prenez
à l'heure de Mars, Mercure ou la
Lune, ses ennemis, une poule & la
tuez, & levez dehors cette peluche
qui se trouve dans le petit ventre, &
en faites une poudre, la donnant à
boire avec du vin, c'est un bon
remede.
FIN.
[54.] Pour rendre doux un chaval furieux.
[55.] Pour faire tomber un cheval comme s'il
étoit mort.
[56.] Pour se rendre invisible par le moyen
d'un anneau.
Jesus passant + par
le milieu d'eux + s'en alloit +;
puis
ayant posé cette bague sur une plaque
de mercure fixé, laquelle sera faite en
forme de petite palette, on fera le parfum
de mercure, comme il est marqué
ci-devant, & on exposera trois
fois de suite la bague sur la palette dans
la fumée du parfum, & l'ayant enveloppée
dans un morceau de tafferas de
la couleur convenable à la planete,
on la portera dans le nid de la huppe
d'où on a tiré la pierre, & on la laissera
durant neuf jours, & quand on
la tirera, on fera encore le parfum
[134]
comme la premiere fois: puis on la
gardera précieusement dans une petite
boîte faite avec du mercure fixé
pour s'en servir dans les occasions. La
maniere de s'en servir n'est autre que
de mettre cette bague à son doigt, en
tournant la pierre en dehors de la
main: elle a la vertu de tellement
fasciner les yeux des assistans, que
l'on est en leur présence sans être vu.
Et quand on veut être vu, il faut tourner
la pierre en dedans de la main,
& fermer la main en forme de poing.
Porphirius [Porphyry] & Jambic [sic. Iamblichus],
Pierre d'Abano
& son maître Agrippa, soutiennent
qu'un anneau fabriqué en la manier
dont on voit ici la figure représentée,
a la même vertu & propriété. Il faut
prendre des poils qui sont au-dessus
de la tête de la furieuse hyene, on en
fait de petites tresses avec lesquelles
on fabrique l'anneau comme on le
voit ici, & on le porte pareillement
dans le nid de la hupe durant neuf
jours, & l'on fait les parfums comme
[135]
il a été dit précédemment sous les
auspices de Mercure; on s'en sert de
[57.] Pour n'étre point trompé & fasciné par
l'anneau d'invisibilité.
[58.] Pour faire d'autres anneaux mystérieux
sous les auspices des sept planetes,
qui attirent leurs influences à ceux
qui les portent.
[59.] Des heures du jour & de la nuit.
Dimanche, les heures de la nuit.
Lundi, les heures du jour.
Lundi, les heures de la nuit.
Mardi, les heures du jour.
Mardi, les heures de la nuit.
Mercredi, les heures du jour.
Mercredi, les heures de la nuit.
Jeudi, les heures du jour.
Jeudi, les heures de la nuit.
Vendredi, les heures du jour.
Vendredi, les heures de la nuit.
Samedi, les heures du jour.
Samedi, les heures de la nuit.
[146]
[60.] Quel a été le sentiment des sages philosophes
au sujet des talismans & figures mystérieuses.
[61. Modele d'un talisman de Mercure.]
[155]
[62.] Maniere de faire la véritable eau
céleste.
[63.] Propriétés presque miraculeuses de l'eau
céleste.
[160]
[64.] Propriétés de l'huile de baume qui est
extraite du marc de l'eau céleste.
[161]
[65.] Baume excellent pour se garantir de la peste.
[163]
[66.] Pour faire tomber les dents pourries
sans douleur.
[67.] Pour guérir des arquebusades ou autres,
tant vieilles que nouvelles, sans
onguent ni charpie.
[68.] Autre au même sujet.
[69.] Autre merveilleux pour guérir l'entorse
du pied.
[70.] Des mandragores.
[180]
[71.] Explication de cieux talismans.
[72.] De la poudre de sympathie.
[73.] Pour faire l'or artificiellement.
[73b.] Autre sur le même sujet.
[74.] Autre sur le même sujet, éprouvé en
Angleterre.
[192]
[75.] Autre, sur le même sujet.
[77.] Pour l'or de vie, ou précipité d'or.
[78.] Pour dissoudre l'or avec facilité.
[207]
[79.] Autre sur le même sujet plus surprenant.
[80.] Pour changer le plomb en or fin.
[81.] Pour donner à l'étain le son & la dureté de l'argent.
[82.] Pour faire le borax propre à fondre l'or.
[83.] Pour contrefaire les véritables perles
d'Orient.
[221]
[84.] Pour contrefaire du musc qui sera jugé
aussi exquis que le naturel oriental.
[85.]Pour falsifier l'ambre gris.
[86.] Composition de pastilles excellentes.
[87.] Pour ramollif l'ivoire.
[227]
[88.] Pour rompre des cordes neuves avec une herbe.
[89.] Pour rompre facilement une barre de fer.
[90.] Anneau mystérieux pour guérir du mal caduc.
[91.] Merveilleux talismans contre les poisons
& bêtes venimeuses.
[92.] Explication des quatre autres talismans
dont on donne ici les modeles gravés.
[233]
[93.] Pour faire la véritable eau de la Reine de Hongrie.
[94.] Plusieurs manieres pour faire des eaux
excellentes pour ôter les boutons du
visage.
[237]
[95.] Poudre exquise pour embellir le visage.
[96.] Composition d'une savonnette pour le
visage & pour les mains.
[97.] Pour faire de bonne eau d'ange
[98.] Lumiere qui a rapport à la main de gloire,
& qui endort.
[241]
SECRETS CURIEUX
EPROUVÉS,
Trouvés dans le cabinet d'un curieux
de la nature.
[99.] Secret merveilleux pour faire le cadran
ou boussole sympathique, par lequel on
pourra écrire à un ami éloigné, &
lui faire connoître notre intention en
même tems, & un moment après qu'on
lui aura écrit.
[100.] Pour faire porter un fusil le double de
son ordinaire.
[101.] Manière de faire un sirop pour conserver
la vie.
[102.] Pour planter toutes sortes de branches
d'arbres & leur faire prendre racine.
[103.] Pour augmenter le savon.
[104.] Pour augmenter le safran.
[250]
[105.] Pour augmenter, de la moitié, du
poivre pilé.
[106.] Pour augmenter la cire blanche.
[107.] Pour augmenter le musc: gardez le
secret.
[251]
[108.] Pour la teinture des cheveux.
[109.] Vernis d'or, admirablement beau.
[110.] Contre la gravelle, pour la guérir.
[111.] Pour nettoyer les dents & les gencives.
[112.] Contre l'haleine puante.
[113.] Pour la fievre tierce & quarte.
[254]
SECRETS
MERVEILLEUX,
Lesquels se doivent prendre & composer
dessous les influences des étoiles,
pour guérir en peu de tems les
infirmitiés ci-dessus écrites.
Secret admirable pour se conserver toujours
en santé, souvent mis en usage
par sa majesté Charles V.
[115.] Pour connoître si un malade vivra ou
mourra.
[116.] Pour se préserver de la goutte.
[117.] Pour les fistules.
[118.] Pour lever les taches de la petite vérole.
[119.] Pour la pierre de la vessie.
[120.] Aux douleurs de coliques.
[121.] Pour la difficulté d'uriner.
[122.] Pour l'hydropsie.
[123.] Pour les douleurs de l'estomac.
Table de la levée du Soleil sur les
dix-sept provinces.
[260]
Table de la levée du Soleil sur l'Italie
& la France.